Le refus catégorique du premier ministre Stephen Harper de rencontrer ses homologues des provinces afin de discuter des grands enjeux nationaux nuit aux intérêts de la fédération canadienne, estiment certains premiers ministres provinciaux.

De passage à Montréal afin de participer au congrès national du Parti libéral du Canada, la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, et ses collègues de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, et de l'Île-du-Prince-Édouard, Robert Ghiz, ont tour à tour fustigé l'obstination de Stephen Harper de convoquer une rencontre au sommet des dirigeants du pays à intervalle régulier.

Selon eux, les provinces ont besoin d'un « partenaire » à Ottawa pour mettre en oeuvre des politiques nationales qui permettraient de soutenir la croissance économique, soulager le fardeau de la classe moyenne ou augmenter la productivité au pays.

Mais depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs en 2006, le premier ministre a boudé les rencontres fédérales-provinciales. En tout, M. Harper a rencontré ses homologues à seulement deux reprises.

Les premiers ministres, tous des libéraux, étaient aussi accompagnés des leaders de l'opposition du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve, respectivement Brian Gallant et Dwight Ball, dans le cadre d'un panel des chefs provinciaux.

« Il est dans l'intérêt de ce pays d'avoir un premier ministre qui a une vision nationale. (...) Mais il n'y a pas de dialogue avec le premier ministre. Nous avons besoin d'un partenaire. Il y a tellement de projets nationaux sur lesquels nous pourrions travailler ensemble. (...) Nous n'avons pas eu de projets d'envergure nationale depuis longtemps parce que le gouvernement au pouvoir à Ottawa n'a pas mis sur la table une vision nationale », a déploré Kathleen Wynne.

En lieu et place, M. Harper s'est employé à imposer des programmes et des changements de manière unilatérale, a ajouté Mme Wynne, donnant en exemple la décision d'Ottawa de modifier le programme de formation de la main-d'oeuvre sans consulter les provinces.

« Nous avons besoin d'un partenaire à Ottawa »,a-t-elle ajouté, se disant convaincu que le chef du Parti libéral Justin Trudeau saura être ce partenaire s'il remporte les prochaines élections fédérales en 2015.

« Nous sommes conscients, dans les provinces, qu'un Canada en santé veut dire des provinces en santé. Nous savons que lorsque nous travaillons ensemble ce pays se porte mieux », a ajouté Stephen McNeil.

Les leaders libéraux des provinces ont se sont prêtés  à une session de questions-réponses animée par l'ancien chef intérimaire du PLC, Bob Rae.

Le congrès libéral se termine dimanche. En après-midi, Justin Trudeau doit prononcer un important discours dans lequel il doit préciser les solutions qu'il envisage pour soulager le fardeau de la classe moyenne, son principal cheval de bataille en prévision des prochaines élections.