Des Canadiens d'origine ukrainienne craignent pour leurs proches coincés dans les violences qui font rage depuis mardi à Kiev.

Ils craignent également que les sanctions envisagées par le Canada, les États-Unis et l'Union européenne puissent arriver trop tard pour éviter que leur pays natal ne sombre dans un désastre économique et politique.

Plusieurs dizaines de personnes ont chanté et scandé des slogans lors d'une manifestation sur la colline parlementaire fédérale, mercredi midi, pour dénoncer la violence en Ukraine, qui a fait au moins 25 morts et plus de 400 blessés dans la capitale.

Ce rassemblement survient également alors qu'Ottawa a annoncé que son ambassade de Kiev serait fermée pour une deuxième journée. Adam Hodge, un porte-parole du ministre des Affaires étrangères, a précisé que l'ambassade avait été fermée après que des manifestants y furent entrés mardi. Selon M. Hodge, l'ambassade demeurera fermée jusqu'à nouvel ordre par mesure de précaution pour assurer la protection du personnel diplomatique.

Dans une déclaration commune, les députés conservateurs James Bezan et Ted Opitz ont dit à Ottawa être dégoûtés du comportement affiché par le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son gouvernement.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a indiqué que le Canada envisageait d'utiliser une série d'options diplomatiques afin d'envoyer un message au gouvernement Ianoukovitch, y compris des sanctions ciblées.

«Je vais consulter nos alliés et les États aux positions similaires pour établir une feuille de route au cours des prochains jours», a dit le ministre Baird.

Les sanctions pourraient comprendre une interdiction de voyager à l'étranger pour les principaux dirigeants, ainsi que le gel de biens des puissants oligarques qui soutiennent le président Ianoukovitch.

Le Canada versera aussi une contribution financière à une organisation non gouvernementale ukrainienne pour donner des fournitures médicales aux manifestants victimes de la violente répression.

Pour Olia Korzachenko, une Ukrainienne vivant à Ottawa, il pourrait déjà être trop tard pour que des sanctions économiques aient un impact réel sur les événements. «Assez de dialogue. Les autorités cachent leurs millions et leurs milliards dans des banques partout sur la planète, et tout cela se déroule pendant que nous discutons - l'Ukraine est violée et personne en Occident, personne en Europe ne fait quoi que ce soit.»

La colère grandissante en lien avec les manifestations, tout comme la réponse musclée de l'État, ont alimenté les craintes que l'Ukraine soit sur le point de basculer vers une guerre civile.

Les protestataires réunis à Ottawa ont cependant largement rejeté cette hypothèse, blâmant la Russie pour la violence, et disant ne pas croire que des Ukrainiens combattraient d'autres Ukrainiens.

Des informations circulent déjà selon lesquelles des membres des forces de sécurité à Kiev se seraient rendues aux manifestants.