Ottawa va faire enquête sur les allégations de corruption et de pots-de-vin à un ancien dirigeant de la Société des ponts fédéraux.

Le député conservateur Jacques Gourde en a fait l'annonce vendredi, aux Communes, en réponse à des questions du Nouveau Parti démocratique (NPD) à ce sujet.

«Aussitôt que ces allégations ont été portées à l'attention du ministre, il a demandé au sous-ministre de faire enquête», a indiqué le député.

C'est le ministre de l'Infrastructure, Denis Lebel, qui a ainsi chargé le sous-ministre Louis Lévesque de faire la lumière sur cette affaire.

«Notre gouvernement est résolu à gouverner les sociétés d'État de façon judicieuse, transparente et responsable. On s'attend à ce que les institutions fédérales soient responsables et à ce qu'elles aient des politiques en place qui assurent une utilisation respectueuse de l'argent des contribuables», a fait savoir M. Lebel dans un communiqué.

Mais aucun détail sur la nature de l'enquête ni sur sa portée n'a été fourni par le gouvernement conservateur.

Les allégations concernent Michel Fournier, un ancien président du conseil d'administration de la société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain.

Jeudi, Radio-Canada avait révélé que des paiements douteux auraient été faits à M. Fournier par la société SNC-Lavalin, à la tête du consortium qui a obtenu le contrat de réfection du tablier du pont Jacques-Cartier, reliant Montréal à la rive-sud. Le contrat de 127 millions $ a été exécuté entre 2000 et 2002.

Un million et demi de dollars auraient ainsi été déposés dans un compte en Suisse appartenant à M. Fournier, par une agence commerciale du nom de Promotag, une société régulièrement engagée par SNC-Lavalin, rapporte Radio-Canada.

Question de se distancer de l'homme, le député conservateur Jacques Gourde a toutefois précisé que M. Fournier avait été nommé à ce poste par le précédent gouvernement libéral.

Le NPD demande au gouvernement de s'assurer que les fonds fédéraux ont été accordés correctement dans cet important contrat.

Pour le NPD, «l'ombre du scandale des commandites revient planer sur le Parti libéral».

«Il y a un représentant de SNC-Lavalin qui aurait versé 1,5 million $ au  directeur de la Société générale des ponts, puis après ça, en même temps, ils ont eu un contrat de 127 millions $ tout d'un coup par hasard. Ça a apparence de collusion ou de corruption puis on a des questions là-dessus», a fait savoir la députée néo-démocrate Rosane Doré-Lefebvre.

Le député libéral Stéphane Dion dit tout ignorer de cette affaire et de la malversation dont M. Fournier est soupçonné. Mais il se dit d'accord avec l'initiative d'enquête.

«Quand on parle de millions de dollars détournés, il faut faire une enquête. Si c'est vrai, c'est très, très grave. C'est un crime très grave», a-t-il dit.

Et si des personnes n'ont pas respecté la loi, elles seront punies, avance-t-il.

Le Bloc québécois estime qu'il faut effectivement commencer par l'enquête annoncée par les conservateurs. Mais selon le député André Bellavance, l'affaire soulève des questions par rapport à la responsabilité des gens nommés par les gouvernements à ces postes-clé et aussi sur leurs compétences lorsqu'ils sont choisis parce qu'ils sont proches du parti au pouvoir. Il manque de mécanismes de surveillance, croit-il.