Le scandale des dépenses au Sénat est en voie de coûter une fortune aux contribuables. À elle seule, l'enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) portant sur les dépenses injustifiées des sénateurs Pamela Wallin, Mike Duffy, Patrick Brazeau et l'ex-sénateur Mac Harb s'élève à plus de 1 million de dollars, a appris La Presse.

Si les policiers de la GRC ont réussi à accumuler suffisamment de preuves pour déposer des accusations de fraude et d'abus de confiance contre Patrick Brazeau et Mac Harb la semaine dernière, ils continuent leur enquête dans le cas de Mike Duffy et Pamela Wallin.

Les coûts de l'enquête sur les frasques de Patrick Brazeau, Mac Harb et Mike Duffy - également connue sous le nom de projet AMBLE - frisent les 620 000$. Les coûts reliés à celle de Mme Wallin - qui porte le nom de projet ATTACHE - atteignent 430 886$.

Enquête comptable

À ces sommes, il faut ajouter les coûts de l'enquête comptable menée par la firme Deloitte l'an dernier sur les dépenses de ces quatre sénateurs, soit 528 842$.

Résultat: le scandale des dépenses au Sénat, qui éclabousse le gouvernement Harper depuis plus d'un an, a coûté la rondelette somme de 1,5 million de dollars aux contribuables à ce jour.

Le commissaire adjoint de la GRC, Gilles Michaud, a confirmé la semaine dernière, en annonçant le dépôt d'accusations contre MM. Brazeau et Harb, que le travail des policiers en ce qui concerne les dépenses de Mme Wallin et de M. Duffy n'est pas encore terminé. On s'attend à ce que des accusations soient aussi déposées contre eux d'ici quelques semaines. Le vérificateur général, Michael Ferguson, a pour sa part entamé un examen des dépenses de tous les sénateurs l'automne dernier pour s'assurer qu'elles soient conformes.

Le premier ministre Stephen Harper a nommé MM. Brazeau, Duffy et Mme Wallin au Sénat en décembre 2008. Dans le cas de Mac Harb, il avait été nommé en 2003 par l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien.

«Le mauvais jugement de M. Harper, qui a fait ces nominations partisanes, coûte terriblement cher aux contribuables», a affirmé le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.

«Il est normal que les policiers de la GRC fassent leur travail. Mais si M. Harper avait nommé des sénateurs honnêtes dès le départ au lieu d'avoir des nominations partisanes, on n'en serait pas arrivé là», a-t-il ajouté.

Les policiers ont entrepris leur enquête en mars 2013 après que les médias eurent révélé que certains sénateurs avaient réclamé des milliers de dollars en allocations de logement alors que leur résidence principale se trouvait dans la région de la capitale nationale.

Frais de logement

Selon les règles, un sénateur peut réclamer environ 22 000$ par année en frais de logement si sa résidence principale se trouve à plus de 100 kilomètres de la colline parlementaire.

Patrick Brazeau a ainsi empoché près de 50 000$ de cette manière tandis que Mike Duffy a touché 90 000$. Mac Harb a réclamé tout près de 280 000$ en allocations de logement et autres dépenses injustifiées en une décennie. En août, M. Harb a démissionné du Sénat et a remboursé la somme que lui réclamait l'administration sénatoriale. La semaine dernière, son avocat a fait savoir qu'il plaidera non coupable aux accusations déposées contre lui.

Dans le cas de Mme Wallin, ce sont les dizaines de milliers de dollars en frais de déplacement qu'elle a réclamés pour des voyages qui n'avaient aucun lien avec ses fonctions parlementaires qui font l'objet d'une enquête. Elle a déjà remboursé 140 000$.

L'affaire a ébranlé le bureau du premier ministre, car l'ancien chef de cabinet de M. Harper, Nigel Wright, a été forcé de démissionner en mai 2013 après qu'il fut révélé qu'il avait fait un chèque personnel de 90 000$ à Mike Duffy pour l'aider à rembourser les contribuables. M. Wright a été interrogé par les policiers dans le cadre de cette affaire, mais on ignore si des accusations pourraient être déposées contre lui.

- Avec William Leclerc