Les changements proposés à la loi électorale canadienne ne feront rien pour s'attaquer à l'enjeu des prêts contractés par les aspirants-chefs, un dossier que les conservateurs ont, pourtant, utilisé à maintes reprises pour dénigrer leurs opposants politiques et Élections Canada.

Cependant, la réforme devrait contribuer à éliminer, à l'avenir, le piège dans lequel plusieurs candidats à la direction de leur parti se sont retrouvés coincés après avoir effectué des emprunts qu'ils ne pouvaient pas rembourser.

Le projet de loi prévoit que ceux qui tenteront d'être élus à la tête de leur formation pourront dépenser 25 000 $ tirés de leurs avoirs personnels pour tenter de triompher.

La période de remboursement des prêts serait également prolongée et elle passerait de 18 mois à trois ans.

En outre, les aspirants-chefs auraient le droit de continuer de solliciter des fonds de la part d'anciens donateurs une fois que la course aurait pris fin.

En vertu de la réglementation actuelle, les candidats à la direction, qui se retrouvent dans le rouge, doivent tenter de convaincre de nouveaux partisans de les appuyer financièrement après l'élection du chef.

Or, cette tâche est extrêmement difficile pour ceux qui n'ont pas été en mesure de l'emporter.

En 2011, les conservateurs avaient déjà proposé de permettre aux candidats endettés de se tourner vers leurs partisans de la première heure pour rembourser leurs vieilles dettes mais leur projet de loi était mort au feuilleton.

Actuellement, le ministre d'État à la Réforme démocratique, Pierre Poilievre, revient à la charge avec cette idée mais elle ne s'appliquerait qu'aux courses n'ayant pas encore eu lieu, ce qui ne manquera pas d'en faire sourciller certains.

Selon des données fournies par le Nouveau Parti démocratique, Brian Topp et Niki Ashton, qui ont tenté de prendre la tête de la formation en 2012, ont encore des dettes et ce, même si plus de 18 mois se sont écoulés depuis la victoire de Thomas Mulcair.

De plus, au moins trois candidats libéraux ayant perdu face à Justin Trudeau, en avril, devaient encore des sommes considérables l'automne dernier mais, dans leur cas, la période cruciale d'un an et demi n'était pas encore terminée.

Le porte-parole libéral en matière de réforme démocratique, Scott Simms, juge que ce n'est pas un hasard si le gouvernement ressent le besoin d'effectuer cette réforme maintenant.

M. Simms a rappelé que le NPD et le PLC ont de nouveaux chefs depuis peu et qu'il ne fait aucun doute que la prochaine course sera menée au sein du camp du premier ministre Stephen Harper.

L'intérêt des conservateurs pour le dossier des dettes impayées ne date, cependant, pas d'hier.

Pierre Poilievre a attaqué tour à tour les libéraux, les néo-démocrates et même les autorités en charge de chapeauter les élections sur ce dossier.

Déjà, en mai 2008, il s'en prenait au chef libéral de l'époque, Stéphane Dion, lui demandant des comptes par rapport aux dettes qu'il avait contractées au moment où il avait pris les rênes de son parti.