Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, encourage les diplomates canadiens à expérimenter les médias sociaux pour faire la promotion de la liberté démocratique et des échanges commerciaux à travers le monde.

Ce plan pourrait représenter un relâchement des restrictions en matière de communication imposées par le gouvernement Harper aux diplomates étrangers dans le cadre de sa stratégie de communication centralisée.

M. Baird a annoncé l'initiative vendredi dans le nord de la Californie, alors qu'il visitait les sièges sociaux des géants du web Google et Twitter, où il cherchait à obtenir des conseils sur l'utilisation des outils des médias sociaux pour faire progresser la politique étrangère canadienne.

Le ministre estime qu'il est désormais nécessaire d'agir plus rapidement dans le contexte des médias sociaux, quitte à «essayer des choses et risquer de faire des erreurs».

Après être arrivé au pouvoir, en 2006, le gouvernement conservateur a imposé de strictes normes en matière de communication à ses diplomates, y compris les ambassadeurs et les hauts-commissaires, les obligeant à faire accepter leurs importants événements publics par le Bureau du Conseil privé, à Ottawa.

La Presse Canadienne a rapporté cette semaine que des fonctionnaires d'Industrie Canada devaient faire autoriser tous leurs gazouillis selon un protocole en 12 étapes, en plus d'obtenir l'approbation du bureau du ministre.

Cependant, un haut responsable gouvernemental a indiqué que les diplomates à l'étranger disposeraient de plus de contrôle à l'échelle locale, affirmant que «chaque mission diplomatique sera ultimement responsable de ses propres outils sur les médias sociaux».

Le Canada a pris un important retard dans la «diplomatique numérique» par rapport à ses deux plus proches alliés, les États-Unis et le Royaume-Uni, et l'annonce de vendredi a donc été bien accueillie, affirme Roland Paris, directeur du Centre d'études en politiques internationales de l'Université d'Ottawa.

Dans un billet de blogue, M. Paris a indiqué que les Américains et les Britanniques avaient accepté le fait que leurs diplomates avaient besoin de liberté pour communiquer et faire des erreurs, puisqu'il s'agit «du prix à payer pour faire entendre leur voix sur les nouveaux médias, qui alimentent de plus en plus les événements quotidiens».

Selon lui, toutefois, il reste encore à voir si «les jeunes apparatchiks du cabinet du premier ministre qui contrôlent les communications du gouvernement verront ces expériences d'un bon oeil, et ce sans égard à ce que M. Baird désire avoir dans son ministère».

Un document des Affaires étrangères, que La Presse Canadienne a obtenu, révèle que le ministère a lancé 60 nouveaux comptes Twitter et 50 nouvelles pages Facebook depuis juin 2013, principalement pour ses ambassades.