Un groupe d'anciens soldats, dont certains ont servi pendant la Deuxième Guerre mondiale, ont été ramenés à l'ordre par le premier ministre Stephen Harper, mardi, qui a minimisé l'impact qu'aura la fermeture de certains centres de services régionaux pour les anciens combattants.

Et quelques heures plus tard, le ministre des Anciens combattants, Julian Fantino, semble avoir ajouté l'insulte à l'injure en rejetant la demande de ces vétérans. Une rencontre prévue a été abruptement annulée. Et ce groupe a dû se contenter d'une réunion avec le député Laurie Hawn et le chef de cabinet du ministre.

M. Fantino les a aussi rencontrés, finalement, dans un bureau situé au sous-sol de Parlement pour réitérer son message: les bureaux seront fermés au moment prévu. «La décision a été prise», a-t-il dit.

Les bureaux touchés sont ceux de Kelowna en Colombie-Britannique, Saskatoon en Saskatchewan, Brandon au Manitoba, Thunder Bay en Ontario, Windsor en Ontario, Sydney en Nouvelle Écosse, Charlottetown à l'Île-du-Prince-Édouard et Corner Brook à Terre-Neuve. Ils seront fermés à compter de vendredi, tandis qu'un neuvième bureau, celui de Prince George en Colombie-Britannique, a déjà fermé ses portes. Ils seront notamment remplacés par des services en ligne et à distance.

Un ancien combattant, Ron Clarke, s'est dit offusqué par l'attitude du ministre. «J'aimerais demander la démission ou le congédiement de M. Fantino. M. Harper et ses conservateurs sont mieux d'être prêts pour les prochaines élections. Il y a deux autres partis qui ont promis de rouvrir ces bureaux et (les soldats) penseront à voter pour eux mais pas pour les conservateurs.»

Sept vétérans, dont Roy Lamore, qui a servi pendant les années 1940, disent se sentir trahis par un gouvernement qui avait pourtant promis de prendre soin d'eux et des frères d'armes plus jeunes.

Plus tôt, en conférence de presse mardi à Ottawa, M. Lamore s'est insurgé contre la fermeture des bureaux, affirmant ne pas comprendre pourquoi lui et ses confrères en étaient ainsi réduits à «quémander».

Le premier ministre Harper a rapidement écarté ces critiques plus tard en journée pendant la période de questions. Il a soutenu que les anciens combattants pourraient obtenir toute l'aide requise auprès d'un programme plus général, celui Service Canada. M. Harper a ajouté qu'il n'y avait, au final, qu'un petit nombre de bureaux qui fermaient leurs portes et que ces établissements ne servaient plus qu'une poignée d'anciens militaires.

Le chef de l'Opposition officielle, Thomas Mulcair, a de son côté répliqué que les compressions tombaient bien mal, à l'heure où les Forces armées canadiennes sont frappées par un nombre croissant de suicides.

«Nos forces font face à une crise avec huit suicides de militaires en l'espace de deux mois et le maintien de ces services n'a jamais été aussi important qu'en ce moment», a-t-il plaidé.

L'ancien caporal Bruce Moncur, qui a été blessé lors de son déploiement en Afghanistan en 2006, a affirmé que le système de services en ligne n'avait causé que de la frustration chez ses amis - par ailleurs doués pour naviguer dans Internet -, qui tentaient d'obtenir des soins et de toucher des prestations.

Il aura mis une semaine pour remplir des formulaires en ligne et naviguer à travers la bureaucratie du ministère alors que l'affaire aurait pu, selon M. Moncur, être réglée en l'espace d'un avant-midi s'il avait pu se rendre à un bureau de services.