Les annonceurs gouvernementaux peuvent faire de la fausse représentation de leurs programmes ou services et ce, sans être réprimandés par l'organisme de surveillance de l'industrie, du moment qu'ils retirent des ondes les publicités qui font l'objet de plaintes de citoyens.

Un bon exemple est la campagne de 2,5 millions $ du gouvernement conservateur, le printemps dernier, visant à promouvoir l'initiative de Subvention canadienne pour l'emploi de son Plan d'action économique de 2013, un programme de formation à l'emploi qui n'a pas encore vu le jour, près d'un an plus tard.

Deux médias canadiens, Global News et PostMedia News, ont révélé que Les normes canadiennes de la publicité, un «organisme sans but lucratif d'autoréglementation de l'industrie canadienne de la publicité», a réprimandé le gouvernement pour ces publicités trompeuses, qui ont été abondamment diffusées le printemps dernier, notamment pendant les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey.

Janet Feasby, vice-présidente des Normes canadiennes de la publicité, a toutefois refusé de confirmer cette sanction lors d'une entrevue, vendredi,

Bien que le conseil des normes publie les plaintes reçues, il existe deux façons de gérer ces affichages, a-t-elle expliqué. Certains annonceurs fautifs sont identifiés, d'autres non. Si l'annonceur retire ou modifie sa publicité après le dépôt d'une plainte au conseil, il évite d'être identifié sur le site Web des normes.

Ainsi, une publication sur le site des normes de la publicité indique qu'un «fournisseur de services» s'est attiré 22 plaintes pour une campagne nationale télévisée annonçant «un nouveau programme de services», l'année dernière.

«Selon le Conseil, l'impression générale qui se dégage du message publicitaire est que les services sont accessibles à tous. Dans les faits, ils ne le seront pas avant un certain temps, indique l'affichage.

«Aussi, le Conseil a conclu que le message omettait de l'information pertinente.»

Comme l'annonceur a accepté de retirer la publicité, il n'a pas été nommé.

C'est une source qui aurait informé Global News qu'il s'agissait du gouvernement canadien.

«En réalité, l'entrée en vigueur de ce programme n'est pas imminente, et l'obtention d'une telle entente pourrait prendre un temps considérable, en fait, même si un accord avec les provinces et territoires (sur la proposition de subvention) est possible», disait une lettre coulée à Global.

Et c'est Janet Feasby qui a signé la lettre.

Pourtant, lorsque La Presse Canadienne a appelé Les normes canadiennes de la publicité le mois dernier, Mme Feasby n'a même pas voulu dévoiler si le conseil avait reçu une seule plainte au sujet de la publicité sur la Subvention canadienne pour l'emploi.

Le Nouveau Parti démocratique déplore que le gouvernement bénéficie de l'anonymat au regard du conseil.

«Le conseil devrait donner des informations spécifiques sur ce qui s'est passé dans ce dossier, de manière à ce que les Canadiens sachent comment leurs impôts ont été mal dépensés», a affirmé Mathieu Ravignat, le porte-parole du NPD pour les dossiers liés au Conseil du Trésor.