Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, sollicite les conseils des anciens premiers ministres Jean Chrétien et Paul Martin sur des enjeux importants comme l'économie, alors qu'il s'apprête à intensifier les préparatifs électoraux.

À Montréal, en février, les libéraux tiendront un premier congrès national depuis que M. Trudeau a pris les commandes du parti, en avril dernier. Ce congrès doit permettre d'adopter des politiques qui se retrouveront dans le programme du parti en prévision du prochain scrutin, prévu en 2015.

En outre, M. Trudeau veut accélérer ses efforts de recrutement de candidats l'an prochain, signe incontestable qu'il a les yeux fixés sur les prochaines élections.

Rencontres

Le chef du PLC a récemment rencontré M. Chrétien, qui a dirigé le pays de 1993 à 2003, ainsi que M. Martin, qui a été ministre des Finances pendant neuf ans avant de devenir premier ministre en 2003, afin de discuter des politiques économiques et budgétaires que devrait privilégier son parti.

L'économie et l'utilisation des surplus budgétaires feront partie des enjeux importants de la prochaine bataille électorale. Le gouvernement Harper prévoit venir à bout du déficit en 2015, après sept exercices financiers déficitaires.

M. Chrétien a été à la tête du gouvernement libéral qui a éliminé le déficit dans les années 90, alors que M. Martin était ministre des Finances. «Je me suis assis avec M. Chrétien il y a quelques semaines. J'ai aussi rencontré M. Martin et d'autres leaders politiques et des experts. Je crois que c'est important de les écouter, d'apprendre et de me servir de leur expérience pour avoir de bonnes solutions aux problèmes auxquels nous faisons face», a affirmé M. Trudeau dans une entrevue à La Presse.

Certes, les défis économiques d'aujourd'hui sont différents. Mais M. Trudeau croit qu'il peut profiter «des belles leçons» qui ont été apprises par ses prédécesseurs.

«Même si l'économie a doublé en taille, le revenu médian des ménages au pays n'a augmenté que de 15% au cours des 30 dernières années, a-t-il dit. Le taux d'endettement moyen est de 28 000$. Ce sont des enjeux qui touchent les gens et ils se demandent si, pour la première fois de l'histoire de notre pays, leurs enfants n'auront pas la même qualité de vie, les mêmes opportunités qu'eux.

M. Trudeau a également précisé qu'il veut solidifier l'équipe libérale en 2014 en recrutant de nouveaux candidats. «Nous voulons commencer à monter une équipe», a-t-il dit, soulignant au passage que des candidats à la feuille de route intéressante se sont manifestés.

Le chef libéral a aussi annoncé en septembre la création d'un comité consultatif sur l'économie, qui sera co-présidé par le député libéral Scott Brison, porte-parole en matière de finances, et la nouvelle députée de Toronto-Centre Chrystia Freeland. Ce comité accordera une attention particulière au sort de la classe moyenne qui, selon M. Trudeau, a de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts dans une économie en pleine mutation.

«Même si l'économie a doublé en taille, le revenu médian des ménages au pays n'a augmenté que de 15% au cours des 30 dernières années. Le taux d'endettement moyen est de 28 000$. Ce sont des enjeux qui touchent les gens et ils se demandent si, pour la première fois de l'histoire de notre pays, leurs enfants n'auront pas la même qualité de vie, les mêmes opportunités qu'eux. Il y a une transformation de notre économie qui ne fonctionne plus pour ceux qui travaillent le plus fort, c'est-à-dire les Canadiens moyens.»

Au sujet de la dernière session parlementaire, M. Trudeau estime que le gouvernement Harper a été obnubilé par sa survie politique à la Chambre des communes à cause du scandale des dépenses au Sénat, délaissant ainsi des enjeux importants comme l'économie.

«Tout cela aurait pu être évité s'ils avaient accepté d'être francs avec les Canadiens dès le début. Tout cela aurait été un peu gênant, oui, mais on aurait pu passer à autre chose. Mais parce qu'ils sont tellement rendus dans un mode de cachette, de survie politique, de combat politique, on a perdu énormément de temps à la Chambre des communes», a dit le chef libéral.