Le ministre du Développement international Christian Paradis a invité les acteurs du milieu économique montréalais à saisir les occasions d'affaires à l'étranger. Cette nouvelle approche de l'aide internationale contribuera à «améliorer le sort des démunis», selon le ministre, qui s'est défendu de vouloir faire de l'argent sur le dos des pauvres ou de privatiser l'aide humanitaire.

Le ministre, qui était invité à prononcer un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à l'hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, hier matin, a décrit la nouvelle approche d'Ottawa en matière de développement international, qui vise notamment à «harmoniser» l'aide internationale aux «valeurs» du pays.

Avortement

Au cours des dernières années, les organismes religieux ont vu leur financement augmenter, tandis que celui des ONG qui permettaient à des femmes de se faire avorter a été coupé. Quand La Presse lui a demandé si, par valeurs du pays, il ne fallait pas plutôt entendre les valeurs du gouvernement, M. Paradis a répondu que le critère premier était l'efficacité.

C'est d'ailleurs au nom de l'efficacité que l'Agence canadienne de développement international a été intégrée au sein du ministère des Affaires étrangères, en mars dernier.

«Lorsqu'on s'investit dans des projets, on veut des résultats», a précisé le ministre après son discours. Quand on arrive à l'avortement, ce n'est pas là qu'on est optimal. On l'est avec des initiatives pour la santé des mères et des enfants, la prévention des maladies, la vaccination.»

Quant à la stratégie d'harmonisation de l'aide canadienne avec les intérêts du secteur privé, M. Paradis assure qu'il n'est pas question de favoriser le commerce au détriment de l'aide ou de s'intéresser uniquement aux pays qui présentent un fort potentiel économique.

«J'ai rencontré des gens d'Haïti, du Sénégal, des Philippines, de Côte d'Ivoire... et ce qu'ils nous disent c'est: «On ne veut pas la charité, on veut générer des revenus!»», a expliqué le ministre.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, se réjouit de cette nouvelle approche. Cela permettra, selon lui, de mieux coordonner les actions sur le terrain.

«C'est une approche saine pour intégrer la diplomatie économique, commerciale et humanitaire», a-t-il dit.

Il croit que la diplomatie canadienne sera ainsi « plus alerte » afin de saisir les enjeux économiques et commerciaux pour les entreprises canadiennes.

Les partis de l'opposition ont critiqué à plusieurs reprises cette nouvelle approche d'Ottawa. Ils ont accusé le gouvernement d'être à la solde des intérêts privés.