Les lignes de front des prochaines élections pourraient bien être en train de se former, alors qu'un nouveau sondage porte à croire que les libéraux de Justin Trudeau ont solidifié leur avance sur les conservateurs au pouvoir.

Effectué dans la foulée des quatre élections fédérales complémentaires tenues lundi dernier, le coup de sonde La Presse Canadienne/Harris-Decima indique que les appuis envers le Parti libéral du Canada (PLC) se situent à 34 pour cent, en légère baisse par rapport aux 37 pour cent enregistrés la semaine précédente.

Les conservateurs demeurent quant à eux à 26 pour cent, alors que les néo-démocrates obtiennent 24 pour cent des intentions de vote.

Selon le sondeur Allan Gregg, ces nouveaux scores viennent non seulement confirmer les résultats divisés lors des partielles, mais indiquent également qu'un changement important est en cours chez les conservateurs et les libéraux.

«Vous avez en fait deux choses qui se produisent en même temps, dit M. Gregg. Le coeur de la base libérale effectue un retour et, au cours de la dernière année, il y a eu une érosion passablement importante des appuis conservateurs.»

Ainsi, les libéraux traditionnels - la «classe professionnelle» et les femmes - sont de retour au bercail, tandis que la base conservatrice - les hommes et les électeurs des régions rurales - semble hésiter et manifester sa déception envers le gouvernement Harper.

Toujours selon Allan Gregg, une partie de ce désenchantement pourrait découler du scandale des dépenses du Sénat, mais il croit que la tendance s'inscrit davantage dans le long terme, et pourrait se poursuivre jusqu'aux prochaines élections, en 2015.

Les révélations sur les réclamations de dépenses injustifiées, une enquête de la GRC sur des allégations de couverture au sein du Bureau du premier ministre impliquant l'ex-chef de cabinet de Stephen Harper et l'ex-sénateur conservateur Mike Duffy ont ébranlé le gouvernement sur une base quotidienne depuis le printemps.

Dimanche, le chef libéral Justin Trudeau a déclaré sur les ondes de l'émission Question Period «qu'il y a des raisons d'être optimiste» et que les électeurs s'identifiaient au message de son parti concernant le soutien à la classe moyenne et de transparence au sein du gouvernement.

«Nous devons prendre garde à ne pas tirer de trop importantes leçons d'élections complémentaires qui ont eu lieu deux ans avec les élections générales, mais nous sommes certainement heureux des réponses que nous obtenons à travers le pays.»

Il y a également certains signes positifs pour le Nouveau Parti démocratique, mentionne M. Gregg.

Le chef de l'opposition Thomas Mulcair demeure une personnalité politique très importante au Québec, là où se trouve la majorité des appuis envers le parti, et la formation continue d'obtenir des intentions de vote supérieures à sa normale traditionnelle de 18 à 20 pour cent.

Des résultats répétitifs de ce genre pourraient cependant pousser les néo-démocrates à changer de stratégie, peut-être en s'éloignant du centre qu'ils ont tenté d'occuper.