Les élections partielles sont terminées. Mais la guerre d'usure que se livrent le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral du Canada depuis 2011 a atteint un autre sommet, hier, après que Justin Trudeau eut cité l'ancien chef néo-démocrate Jack Layton pour critiquer la campagne «négative» menée par le NPD durant la campagne.

Le Parti libéral a réussi à conserver lundi les circonscriptions de Bourassa et de Toronto-Centre, malgré les efforts importants déployés par le parti de Thomas Mulcair pour mettre la main sur l'un de ces deux bastions libéraux. Le Parti libéral a aussi fait très bonne figure dans Brandon-Souris et Provencher, même si les conservateurs ont réussi à conserver ces sièges.

Seul leader à réagir tard lundi soir, Justin Trudeau a soutenu que «le NPD n'est plus le parti d'espoir et d'optimisme de Jack Layton, c'est maintenant le parti mesquin et négatif de Thomas Mulcair». Il a ensuite repris à son compte une citation de Jack Layton dans la fameuse lettre aux Canadiens qu'il avait rédigée quelques heures avant sa mort, en août 2011. «C'est le Parti libéral qui a prouvé ce soir que l'espoir est plus fort que la peur.»

Cette sortie de Justin Trudeau a soulevé l'ire du chef du NPD et provoqué la colère dans les rangs néo-démocrates.

«Écoutez, que Justin Trudeau ait choisi d'utiliser les derniers propos de Jack Layton comme outil pour une attaque politique en dit long sur son jugement et son caractère», a laissé tomber M. Mulcair en point de presse, hier.

Un stratège du NPD a souligné que le Parti libéral avait aussi utilisé des «attaques négatives» dans Toronto-Centre pour éviter une défaite. Un dépliant sur lequel on pouvait lire «Trop fâché (Too Angry)» sur une photo de Thomas Mulcair a été distribué dans les foyers de la circonscription en fin de semaine.

«C'est cela, la campagne positive de Justin Trudeau?», s'est indigné le stratège, qui a rappelé que le chef libéral avait aussi accusé le NPD, dans le reste du Canada, d'être un allié des souverainistes en disant qu'une majorité de 50% plus un est suffisante lors d'un référendum.

Loin de faire son mea-culpa, Justin Trudeau a de nouveau fait appel à la mémoire de Jack Layton lorsqu'il a rencontré les journalistes, hier. «Comme beaucoup de gens, j'ai été inspiré par l'héritage de Jack Layton et sa manière de faire de la politique. Et je suis fier du fait que le Parti libéral ait mené une campagne positive durant les quatre élections partielles. On a choisir de mettre l'accent sur ce qui rassemble les gens au lieu de miser sur la division», a-t-il dit.

Résultats

Dans Bourassa, le libéral Emmanuel Dubourg a récolté 48,1% des suffrages exprimés, contre 31,4% pour la néo-démocrate Stéphane Moraille. Dans Toronto‑Centre, la libérale Chrystia Freeland a aussi recueilli près de la moitié des votes (49,1%), alors que la néo-démocrate Linda McGuaig a obtenu 36,4%.

Autre résultat satisfaisant pour Justin Trudeau, le candidat libéral Rolf Dindsdale est venu à moins de 400 voix de causer une surprise dans Brandon-Souris, un fief conservateur au Manitoba, où l'appui au Parti libéral est passé de quelque 5% en 2011 à 42,7% lundi soir. Le conservateur Larry Maguire a remporté la victoire de peine et de misère avec 44,1% des suffrages.

M. Maguire a indiqué que le scandale des dépenses au Sénat a été un facteur durant la campagne.

Dans Provencher, le conservateur Ted Falk a facilement remporté la victoire avec 58,1% des voix, mais c'est encore une fois le candidat libéral, Terry Hayward, qui est arrivé deuxième avec près de 30%.

Même si le NPD n'a pas réussi à remporter la victoire dans l'une des quatre circonscriptions en jeu, M. Mulcair a fait valoir que son parti avait obtenu le meilleur résultat de son histoire dans Toronto‑Centre et qu'il avait réussi à maintenir ses acquis de la vague orange dans Bourassa. Mais il reconnaît que le NPD a du pain sur la planche dans certaines provinces de l'Ouest.