Quatre élections partielles fédérales, dont une au Québec, lundi, pourraient donner la première mesure réelle de l'impact du scandale des dépenses du Sénat sur l'électorat canadien, la popularité du chef libéral Justin Trudeau et la durabilité de la vague orange du NPD de 2011.

Et les chefs le savent. Alors que les partielles sont habituellement considérées comme des événements très locaux ayant peu d'impact sur des élections générales subséquentes, Stephen Harper, Justin Trudeau et Thomas Mulcair se sont activement impliqués dans les campagnes des circonscriptions de Brandon-Souris et Provencher, au Manitoba, de Toronto-Centre, en Ontario, et de Bourassa, à Montréal.

Dans Bourassa, l'ancien député libéral provincial de Viau, Emmanuel Dubourg, tente de succéder au député libéral démissionnaire Denis Coderre, maintenant maire de Montréal. Il fait notamment la lutte à l'avocate et ancienne membre du groupe Bran Van 3000, Stéphane Moraille, candidate du Nouveau Parti démocratique.

«Ces quatre élections partielles sont le premier acte des élections générales de 2015. Les résultats représenteront en partie quelle sera l'option de rechange aux conservateurs, et c'est pourquoi nous nous battons si fort», a expliqué la candidate libérale de Toronto-Centre, Chrystia Freeland.

Le comté de Toronto-Centre est vacant depuis la démission de l'ancien chef intérimaire libéral Bob Rae. Si l'«effet Justin» a pu ranimer le parti relégué au troisième rang en 2011, la perte de l'un de ces châteaux forts libéraux le ferait redescendre des hauteurs où il flotte depuis l'élection de M. Trudeau à sa tête, le printemps dernier.

Pour les conservateurs, il n'y a que Provencher qui semble gagnée d'avance. L'ancien ministre de la Sécurité publique Vic Toews a été réélu en obtenant plus de 70 % des suffrages en 2011.

Dans Brandon-Souris, également un fief conservateur, le parti libéral est un adversaire étonnamment menaçant, alors qu'il était quasi absent en 2011. Cette circonscription manitobaine avait été facilement emportée en 2011 par Merv Tweed, qui a décidé de quitter la Chambre des communes pour retourner dans le monde des affaires.

Au cours des 60 dernières années, la circonscription a été conservatrice pendant 56 ans. Sa perte ébranlerait sérieusement le Parti conservateur, déjà fragilisé par le scandale du Sénat. À un point tel que Stephen Harper a pris des moyens jamais vus, la semaine dernière, et a envoyé une lettre aux électeurs de Brandon, étalant les réussites de son parti et décochant ses flèches en direction de M. Trudeau.

«Ne laissez personne vous dire que cette élection partielle n'a pas d'importance - il y a beaucoup en jeu», a écrit M. Harper, accusant Justin Trudeau d'avoir l'intention d'augmenter les impôts et d'être tolérant envers le crime.

Quant au Nouveau Parti démocratique, il a consacré toute son énergie dans Bourassa et Toronto-Centre, dans l'espoir d'amenuiser la marge de victoire des libéraux et ainsi, prouver que l'arrivée de Thomas Mulcair, après la mort du populaire Jack Layton, a su conserver son élan.

La victoire d'une de ces circonscriptions au nez des libéraux serait un signe incontestable que la popularité de M. Trudeau n'a d'égale que l'expérience de M. Mulcair, qui se fait remarquer par ses interrogatoires en règle du premier ministre à la Chambre des communes.