Stephen Harper avait beau se trouver à Lac-Mégantic, il a encore été malmené aux Communes, hier, dans la foulée des révélations de la GRC sur le scandale du Sénat. L'opposition soutient qu'il ne peut plus plaider l'ignorance sur les dessous de l'affaire Wright-Duffy, certains comparant même ses démentis à ceux de l'ex-maire de Montréal, Gérald Tremblay.

Dans un document de 80 pages produit en cour mercredi, la GRC allègue que le premier ministre a autorisé qu'on pige dans la caisse du Parti conservateur pour aider Mike Duffy à rembourser des allocations de logement qu'il avait indûment empochées. Ce projet, élaboré en février, n'a pas été mis à exécution. Quelques semaines plus tard, le chef de cabinet de M. Harper, Nigel Wright, rédigeait un chèque personnel de 90 000$ au sénateur pour le tirer de l'embarras.

La GRC soupçonne M. Wright et M. Duffy de corruption, fraude et abus de confiance. La force policière soutient que plusieurs employés de M. Harper étaient impliqués dans les tractations qui ont mené au remboursement des dépenses du sénateur.

M. Harper a toujours maintenu que M. Wright avait agi seul et qu'il n'avait appris l'existence du chèque personnel qu'une fois celle-ci révélée par les médias. Il a encore une fois maintenu cette version des faits, hier, lors d'un passage à Lac-Mégantic.

«C'est ce que j'ai dit à M. Duffy dès le début, que M. Duffy devrait rembourser ses propres dépenses, a-t-il dit. On m'avait dit que c'est ce qu'il avait convenu de faire, on m'avait dit que c'est ce qu'il avait fait. Quand j'ai appris que ce n'était pas le cas, j'ai pris les actions appropriées.»

Mais l'opposition n'en croit rien. Le député du Bloc québécois André Bellavance affirme que les démentis du premier ministre s'apparentent de plus en plus à ceux de l'ancien maire de Montréal.

«Est-ce que tout à coup il serait devenu le Gérald Tremblay d'Ottawa? a-t-il ironisé. Quelqu'un qui n'a rien vu, rien su, rien entendu, qui s'en lave les mains, puis tout à coup, c'est tous les autres qui sont responsables et pas lui.»

«Activités criminelles»

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a abondé dans le même sens. Selon lui, le premier ministre ne pouvait ignorer que ses plus proches collaborateurs étaient impliqués dans le stratagème.

«Jamais dans l'histoire du Canada n'a-t-on vu une telle situation où des crimes ont été commis dans le bureau d'un premier ministre en fonction par son personnel et en son nom, a dénoncé M. Mulcair. Corruption, fraude et abus de confiance: on parle ici d'activités criminelles organisées et exécutées par des gens dont le premier ministre est le seul responsable.»

- Avec Jasmin Lavoie