Les nouveaux documents déposés en cour par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) viennent contredire certaines déclarations faites à la Chambre haute par les sénateurs Mike Duffy, Marjory LeBreton et Carolyn Stewart Olsen. Voici un résumé de ses déclarations, et de ce que croit la GRC.

Selon M. Duffy: Nigel Wright a fait vérifier les dépenses du sénateur, ce qui a convaincu le chef de cabinet du premier ministre que tout était en ordre. M. Wright a également dit à M. Duffy que plusieurs autres sénateurs se trouvaient dans le même bateau, et que les informations véhiculées dans les médias étaient du «salissage».

Selon la GRC: M. Wright n'a jamais dit qu'il avait fait examiner les dépenses du sénateur. Il a plutôt indiqué à M. Duffy qu'on lui avait conseillé d'admettre que le sénateur avait respecté les règles, et que d'autres sénateurs bénéficieraient des mêmes arrangements.

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Selon M. Duffy: le cabinet du premier ministre l'a menacé de «faire ce qu'ils demandaient, sans quoi...».

Selon la GRC: le caporal Greg Horton soutient n'avoir trouvé aucune preuve de menaces. Le 20 février, M. Duffy a même confié à son avocat que M. Wright ne l'avait jamais menacé de lui faire perdre son siège au Sénat.

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Selon M. Duffy: le premier ministre Stephen Harper a été impliqué dans la décision de rembourser ses honoraires d'avocats.

Selon la GRC: il n'y a aucune preuve de l'implication de M. Harper dans ce dossier, dit le caporal Horton. Il existe toutefois des preuves laissant croire que des membres du personnel politique du premier ministre lui auraient dit qu'ils travaillaient sur un plan pour que M. Duffy rembourse les dépenses, et que le premier ministre aurait pu savoir que de l'argent du Parti conservateur serait utilisé pour rembourser les honoraires d'avocat du sénateur. M. Harper a indiqué qu'il n'était pas inhabituel que le parti défraie «de temps à autre» les frais juridiques de ses membres au dossier autrement sans taches.

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Selon M. Duffy: il se serait opposé au «stratagème de remboursement» de ses frais juridiques.

Selon la GRC: le caporal Horton soutient qu'il n'existe pas de preuve de l'opposition de M. Duffy à ce que quelqu'un d'autre rembourse ses frais juridiques.

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Selon Mme LeBreton: M. Duffy a eu tort de prétendre qu'il existait un plan impliquant les dirigeants conservateurs au Sénat pour empêcher une vérification de ses comptes par la firme Deloitte.

Selon la GRC: il existait effectivement un plan pour que M. Duffy échappe à la vérification externe de Deloitte s'il remboursait ses dépenses inadmissibles, et des courriels révèlent que Mme LeBreton, leader des conservateurs au Sénat, était bien au fait de ce plan.

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Selon Mme LeBreton: M. Duffy a injustement affirmé que le caucus conservateur serait fortement encouragé à voter contre son expulsion de la Chambre haute s'il y avait fuite d'informations à propos du «stratagème».

Selon la GRC: il existait un accord pour faire pression sur le caucus afin qu'il vote contre de plus amples vérifications dans le dossier Duffy, accord que connaissait la leader conservatrice au Sénat.

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Selon Mme LeBreton: elle n'a jamais donné son aval pour que M. Duffy soit exempté des vérifications, et désirait plutôt faire appel à un vérificateur externe.

Selon la GRC: Mme LeBreton pourrait avoir appuyé la décision de soumettre les dépenses de M. Duffy à Deloitte en premier lieu, mais des courriels précisent qu'elle avait également accepté que les vérifications puissent être stoppées si le sénateur remboursait ses dépenses.

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Selon Mme LeBreton: elle n'aurait échangé qu'à une seule reprise avec M. Wright au sujet du sénateur Duffy, lors d'une rencontre à la fin d'avril.

Selon la GRC: le 20 février, un membre du cabinet de Mme LeBreton a contacté M. Wright après que le sénateur Duffy eut appelé son collègue David Tkachuk. Le 21 mars et le 28 avril, Mme LeBreton a écrit des courriels à M. Wright à propos de M. Duffy. Le 9 mai, elle l'a contacté de nouveau pour lui demander que le controversé sénateur reste loin de la colline parlementaire et des médias.

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Selon Mme Stewart Olsen: elle n'a le souvenir que d'un seul échange avec M. Wright, à la fin d'avril.

Selon la GRC: le caporal Horton «croit que la version des événements de Mme Stewart Olsen, telle que rapportée à la police, était incomplète, et ne correspondait pas aux faits (...) Il est clair qu'elle a été en contact avec Nigel Wright et d'autres membres du cabinet du premier ministre».