Après une autre journée mouvementée à l'hôtel de ville de Toronto, la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne a, pour la première fois, ouvert la porte à une éventuelle intervention du gouvernement provincial.

Pour ce faire, elle a toutefois souligné que le conseil municipal devait lui démontrer qu'il n'était plus en mesure de fonctionner. Elle a indiqué qu'elle prendrait ensuite une décision, en fonction de la requête du conseil et après consultation de tous les partis de l'Assemblée.

Elle n'a pas voulu s'avancer plus loin, rappelant que la dernière chose dont la Ville a besoin dans cette crise est de partisanerie.

Cette intervention est survenue après d'autres déclarations controversées du maire Rob Ford. Croulant sous de nouvelles allégations embarrassantes, le maire de Toronto s'est défendu jeudi matin en tenant des propos qualifiés de «répugnants » et «vulgaires» par plusieurs conseillers municipaux. Quelques instants plus tard, il est revenu devant les médias pour s'excuser de son comportement.

M. Ford dit avoir tenu de tels propos sous la pression alors qu'il était assailli de questions par les journalistes en ce qui concerne de nouvelles allégations.

«J'ai vu rouge», a-t-il dit. M. Ford s'est confondu en excuses avant d'ajouter que les derniers mois avaient été éprouvants et qu'il recevait de «l'aide médicale» et des «conseils d'experts», mais n'a pas donné davantage de détails.

Un peu plus tôt en matinée, le maire de Toronto avait réagi à la divulgation, hier soir, de documents judiciaires.

Selon ces documents, M. Ford aurait dit à une ancienne employée: «je veux te bouffer la chatte ».

Le maire, vêtu d'un maillot de l'équipe de football des Argonauts de Toronto, avait d'abord nié les faits jeudi matin non sans ajouter à la controverse en déclarant : «Je suis heureux en mariage, j'ai déjà assez à bouffer à la maison», ce qui a entraîné la stupéfaction des journalistes.

M. Ford a néanmoins reconnu qu'il lui était peut-être arrivé de conduire avec les facultés affaiblies.

Le maire s'est aussitôt attiré les critiques de conseillers municipaux. Denzil Minnan-Wong juge que le maire devrait se retirer à la suite de cette déclaration. «Le maire doit partir après avoir admis avoir conduit avec des facultés affaiblies et tenu des propos complètement vulgaires...il a franchi la ligne, il ne peut plus être le maire de cette ville», a-t-il déclaré.

La conseillère Janet Davis a qualifié les propos de M. Ford de «répugnants» et de «mauvais goût». Même les Argonauts de Toronto ont fait savoir sur Twitter qu'il était décevant que le maire ait fait de telles déclarations alors qu'il portait le maillot de l'équipe.

Lors de son point de presse où il a présenté ses excuses, le maire avait remplacé son maillot par un complet-cravate. Sa femme était à ses côtés.

Poursuite en diffamation

Le maire devait aussi répondre à de nouvelles allégations. Selon les documents judiciaires, un ancien employé de la Ville aurait aperçu une femme qui semblait être une «une escorte ou une prostituée» en compagnie du maire de Toronto, à l'hôtel de ville, le soir de la Saint-Patrick, en 2012. M. Ford «avait assurément bu» et voulait «fumer des stupéfiants», selon cet employé.

Le maire a soutenu ce matin que la femme qualifiée de «prostituée» dans les documents est une amie. «Je n'aime pas que les gens traitent Alana de prostituée, je n'ai jamais retenu les services d'une prostituée», a-t-il indiqué.

Au cours du point de presse, M. Ford a réitéré que les faits allégués dans les documents de justice étaient «100% faux ». Plus tôt en journée, il avait menacé de poursuivre en diffamation les personnes qui ont « parlé contre lui» aux policiers de la Ville de Toronto. Mark Towhey, son ancien chef de cabinet, George Christopolous, ancien attaché de presse, et Isaac Ransom, ancien conseiller en communication ainsi qu'un serveur de restaurant qui a révélé aux policiers qu'il croyait avoir aperçu le maire en train de consommer de la cocaïne, le soir de la Saint-Patrick, sont de ceux qui ont rapporté les faits aux policiers.

Mercredi soir, le conseil municipal a adopté une motion non contraignante à 37 voix contre 5 demandant au maire de prendre congé. Au cours de ce conseil, il a d'ailleurs reconnu avoir déjà acheté des drogues illégales, au cours de son mandat de maire.

Au cours du conseil de ce matin, plusieurs conseillers lui ont littéralement tourné le dos lorsque ce dernier prenait la parole.