La Saskatchewan est devenue mercredi la première province du pays à formellement réclamer l'abolition du Sénat.

Son premier ministre, Brad Wall, a présenté une motion toute simple à ce sujet moins de 24 heures après que le Sénat eut voté pour suspendre sans salaire trois sénateurs qui ont réclamé le remboursement de dépenses injustifiées. L'opposition officielle à l'Assemblée législative, le NPD, a immédiatement endossé la motion du premier ministre.

La suspension des sénateurs Mike Duffy, Pamela Wallin et Patrick Brazeau, tous nommés en 2008 par le premier ministre Stephen Harper, sera en vigueur jusqu'à la fin de la session parlementaire, qui pourrait s'étirer jusqu'aux prochaines élections fédérales prévues à l'automne 2015.

La motion de Brad Wall se lit comme suit: «Que cette Assemblée appuie l'abolition du Sénat du Canada».

«Bien avant l'éclatement des scandales actuels qui marginalisent davantage le Sénat, plusieurs s'interrogeaient sur la pertinence d'avoir un groupe d'hommes et de femmes qui ne sont pas élus et qui ne rendent des comptes à personne s'opposer à la volonté des élus de la Chambre des communes», a affirmé M. Wall.

«Il est aussi devenu de plus en plus clair qu'une réforme est impossible. L'abolition du Sénat est donc devenue l'option privilégiée des gens de la Saskatchewan», a ajouté le premier ministre.

Le gouvernement de Brad Wall a aussi abrogé hier la loi adoptée en 2009 permettant l'élection des sénateurs durant les élections provinciales.

Soutien du NPD

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, s'est félicité de la décision de M. Wall. «Merci au premier ministre Brad Wall pour vos efforts en vue d'abolir le Sénat. Continuons à travailler ensemble pour y arriver», a écrit M. Mulcair sur son compte Twitter.

Le dépôt de cette motion survient aussi moins d'une semaine après que le ministre d'État aux petites entreprises, Maxime Bernier, eut réclamé dans une entrevue accordée à La Presse la tenue au printemps 2014 d'un référendum national sur l'abolition du Sénat.

Un geste compréhensible

Le ministre d'État à la Réforme démocratique, Pierre Poilievre, a dit comprendre la démarche de son allié conservateur de l'Ouest.

«Je crois que le geste de Brad Wall reflète la frustration parmi les Canadiens envers le statu quo au Sénat. Le premier ministre a pris cette position parce que c'est ce qu'il entend des gens de sa province. Mais notre préférence demeure d'avoir un Sénat élu qui donnerait une forte représentation aux régions», a dit M. Poilievre.

Le gouvernement Harper a demandé à la Cour suprême de se prononcer sur la validité constitutionnelle de sa réforme du Sénat. Cette réforme, qu'il veut adopter sans consulter les provinces, permettrait l'élection des sénateurs et limiterait leur mandat à neuf ans. Le plus haut tribunal du pays doit entendre ce renvoi à partir de la semaine prochaine.

Devant les journalistes, M. Poilievre a indiqué qu'Ottawa ne prévoit pas tenir de référendum sur cette question. Il attend plutôt la décision de la Cour suprême, qui doit aussi préciser la formule à suivre pour abolir le Sénat.