Stephen Harper a assumé sa propre défense à la Chambre des communes, mercredi, et rejeté les allégations faites par Mike Duffy depuis le début de la semaine. Au même moment, à l'autre bout du corridor, la sénatrice Pamela Wallin a fait état d'un complot ourdi contre elle par le gouvernement, dans un plaidoyer livré au Sénat pour empêcher sa suspension sans solde. L'opposition ne s'est laissé convaincre ni par l'une ni par l'autre défense et a accusé le premier ministre de cacher la vérité. Bilan en quatre temps d'une autre journée mouvementée au Parlement fédéral.

Défense énergique de Harper

Présentant une défense énergique à la Chambre des communes hier pour repousser la contre-attaque de Mike Duffy, le premier ministre Stephen Harper a affirmé qu'il n'avait pas menacé le sénateur de le jeter hors du caucus en février s'il ne remboursait pas le Sénat. Il a nié lui avoir dit que c'était la perception de la base conservatrice qui comptait, et non pas la vérité quant à savoir si ses réclamations étaient légales ou non. Et il a maintenu sa version des faits au sujet du paiement de 90 000$ fait par son ancien chef de cabinet Nigel Wright: ce dernier a agi seul, de son propre chef, et lui-même n'a été mis au courant que plusieurs semaines plus tard, lorsque l'affaire a éclaté au grand jour.

«Malheureusement, M. Duffy continue d'affirmer que ses réclamations [de remboursement] de dépenses étaient valides et inappropriées. Nous ne sommes pas d'accord et croyons qu'il doit être tenu responsable de ses gestes.»- Stephen Harper





Wallin invoque un complot du gouvernement

Mike Duffy et Patrick Brazeau ont présenté leur défense mardi face à la motion du gouvernement pour les suspendre sans solde du Sénat. C'était au tour hier de Pamela Wallin. L'ancienne journaliste a attaqué de plein fouet la firme Deloitte et son rapport de vérification - le décrivant comme une «vérification soi-disant indépendante» - et disant que la firme avait appliqué certaines règles rétroactivement à la demande du gouvernement. Mme Wallin a aussi accusé deux sénatrices proches du premier ministre Stephen Harper d'avoir orchestré contre elle une série de fuites et d'accusations dans le but de l'éliminer politiquement. «Elles détestaient le fait que j'étais une sénatrice active», a-t-elle lancé.

«Si le Sénat procède avec cette motion, ce sera le début de la fin pour cette Chambre.» - Pamela Wallin





Le débat sur la motion de suspension se poursuit

Les sénateurs ont débattu pendant plusieurs heures hier d'une motion du gouvernement visant à suspendre sans solde Patrick Brazeau, Pamela Wallin et Mike Duffy. Le vote tant attendu n'a pas eu lieu, le président du Sénat ayant décidé de prendre une question en délibéré. Les sénateurs pourraient donc être appelés à faire un choix aujourd'hui. Ils pourraient d'une part adopter la motion et suspendre les sénateurs sans salaire, ce que plusieurs ont dénoncé comme une injustice, car les trois parlementaires n'ont pas été trouvés officiellement coupables et n'ont pas été en mesure de présenter une défense pleine et entière. Les sénateurs pourraient rejeter la motion purement et simplement. Ils pourraient enfin décider d'envoyer l'affaire à un comité parlementaire afin de poursuivre l'examen de la question et de donner l'occasion aux sénateurs Brazeau, Duffy et Wallin de défendre leur point de vue.

«C'est une violation sérieuse de la tradition de la présomption d'innocence.» - Hugh Segal, sénateur conservateur qui s'oppose à la motion du gouvernement et appuie la proposition libérale de l'étudier en comité

Harper n'a pas dit la vérité, dénonce l'opposition

Stephen Harper n'a pas dit la vérité aux Canadiens sur ce qu'il savait du remboursement des dépenses du sénateur Mike Duffy, ont dénoncé en choeur les partis d'opposition, hier.

Les explications de Stephen Harper sur le mystérieux chèque de 90 000$ versé par son ancien chef de cabinet au sénateur ne tiennent plus la route, estime le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair. Le premier ministre a toujours maintenu que Nigel Wright a agi seul et qu'aucun autre membre de son entourage n'était au courant de son geste.

À la lumière des allégations de Mike Duffy, le NPD juge que trop de personnes de l'entourage immédiat de Stephen Harper ont été impliquées dans le stratagème pour que le premier ministre ait ignoré ce qui se tramait.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, presse M. Harper de faire preuve de transparence. Il propose que le premier ministre et son entourage témoignent sous serment afin de restaurer la confiance des Canadiens dans le Parlement fédéral.

Le député du Bloc québécois André Bellavance juge que «l'étau se resserre» autour du premier ministre. Il réitère qu'à ses yeux, seule une enquête publique permettra de faire la lumière sur l'affaire.

«Il s'agit d'un scandale énorme. Ce n'est plus une question de Nigel Wright ou de Mike Duffy, c'est une question de Stephen Harper.» - Thomas Mulcair, chef de l'opposition officielle