Un projet de loi fédéral pourrait faire en sorte que les Canadiens reconnus coupables des crimes les plus graves, par exemple de meurtres multiples ou d'agressions sexuelles répétées sur des enfants, passent le reste de leur vie derrière les barreaux.

Le ministre de la Justice, Peter MacKay, a affirmé vendredi qu'en vertu de ce projet, promis cette semaine lors du discours du Trône, de tels contrevenants n'auront plus accès à la libération conditionnelle.

«Nous parlons de faire passer toute une vie en prison aux individus qui ont commis les crimes les plus odieux», a dit M. MacKay lors d'un appel conférence visant à discuter des priorités en matière de justice du gouvernement conservateur.

Il a précisé que ces futures dispositions seraient appliquées de manière très limitée.

«Quand je parle des pires des pires, des plus violents et récidivistes des criminels, je parle de meurtres multiples, d'agressions sexuelles répétées sur les plus vulnérables, nos enfants, a-t-il expliqué. Nous voulons nous assurer que certains individus capables et reconnus coupables de tels délits ne sortent jamais de prison.»

«La responsabilité première de tout gouvernement, d'abord et avant tout, est de protéger les citoyens. Et nous avons l'intention d'amplifier et de renforcer notre capacité à le faire», a précisé le ministre.

Interrogé sur le type de criminel que la loi toucherait, M. MacKay a mentionné le tristement célèbre délinquant sexuel Paul Bernardo comme un «exemple évident».

Paul Bernardo a été déclaré délinquant dangereux, ce qui signifie pratiquement qu'il ne sera jamais libéré.

M. MacKay a admis qu'il existait déjà des outils, comme la déclaration de délinquant dangereux, pour éviter que certains criminels ne puissent marcher librement dans la rue. Les conservateurs ont aussi supprimé la «clause de la dernière chance» qui permettait à certains détenus à vie de faire une demande de libération conditionnelle anticipée.

Il a toutefois indiqué que le gouvernement souhaitait s'assurer qu'il n'y ait pas de failles dans la loi que ces contrevenants pourraient exploiter. «Cela apporterait sécurité et confiance au public, et c'est l'intention derrière ces changements. Je ne peux pas vraiment en dire plus jusqu'à ce que nous portions la loi devant le Parlement», a-t-il indiqué.

Neil Boyd, un criminologue de l'université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, a déclaré que le projet de loi ne rendrait pas la société plus sûre, mais plairait aux électeurs réclamant des peines plus sévères.

«C'est fait pour servir les craintes et la colère, a affirmé M. Boyd. C'est symbolique, cela n'aura aucun effet sur le taux de criminalité.»

Le renforcement des peines criminelles est un des piliers des politiques conservatrices en matière de justice depuis 2006. Le gouvernement a aussi promis une charte de droits des victimes, des peines plus strictes pour les délinquants sexuels et des pénalités spécifiques pour les torts causés aux animaux aidant la police.