Le Canada ne fait pas que défendre les intérêts de l'industrie des sables bitumineux de l'Alberta à Washington. Il défend tout aussi vigoureusement les projets d'exportation d'électricité vers certains États américains sur lesquels planche Hydro-Québec, affirme l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, Gary Doer.

Certes, le projet de construction du pipeline Keystone XL, qui permettrait d'acheminer le pétrole albertain jusqu'aux raffineries du Texas, accapare toute l'attention des médias américains et canadiens en raison des passions qu'il soulève autant chez les partisans que chez les opposants.

Mais cela ne veut pas dire que les autorités canadiennes ne plaident pas avec la même détermination la justesse du projet d'interconnexion qui doit relier le Québec et la ville de New York en passant sous le lac Champlain, même si ce projet d'Hydro-Québec n'apparaît pas sur l'écran radar des médias, a fait valoir M. Doer dans une entrevue exclusive à La Presse.

Le Canada multiplie aussi les efforts pour faire approuver le Northern Pass, un autre projet dont Hydro-Québec est partenaire, qui permettrait de relier son réseau et celui de la Nouvelle-Angleterre en traversant le New Hampshire, a-t-il ajouté.

«Nous avons les mêmes défis dans le cas de la ligne de transmission d'Hydro-Québec sous le lac Champlain et la ligne vers le New Hampshire. Nous avons aussi les mêmes défis pour une ligne de transmission éolienne du Montana jusqu'à Lethbridge. Le dossier des pipelines obtient plus d'attention médiatique, mais tous les jours nous devons nous frotter à des opposants, même quand il s'agit d'énergie propre, surtout quand il est question de droit de passage», a-t-il expliqué.

Le projet devant relier Québec et la ville de New York, également connu sous le nom de Champlain Hudson Power, doit être approuvé par le président Barak Obama, tout comme le projet de pipeline Keystone XL de TransCanada parce qu'il franchit la frontière canado-américaine. Ce projet d'interconnexion de 531 kilomètres suscite la grogne dans l'État de New York. La population préférerait que l'électricité soit produite localement au lieu d'être importée du Québec.

Le projet Northern Pass est bloqué en ce moment parce que plusieurs s'opposent aux tracés proposés.

«Le projet de lac Champlain évolue d'une manière plus adéquate maintenant. On travaille aussi sur le projet de ligne de transmission provenant d'énergie éolienne du Montana jusqu'à Lethbridge, en Alberta. Et là aussi il y a des opposants, même s' il s'agit d'énergie propre, à l'instar des projets d'Hydro-Québec», a dit l'ancien premier ministre néo-démocrate du Manitoba.

Convaincre le Congrès

Un autre défi pour Hydro-Québec, c'est que la plus grande partie de son parc de production n'est pas considérée par le Congrès américain comme une énergie renouvelable au même titre que l'énergie éolienne ou solaire.

Le premier ministre Stephen Harper avait soulevé ce dossier au cours d'une rencontre avec le président américain en 2009, mais aucun progrès tangible n'a été réalisé jusqu'ici.

En entrevue, M. Doer a dit avoir bon espoir que le projet Keystone XL, évalué à 7 milliards de dollars, sera éventuellement approuvé par Barack Obama étant donné les retombées économiques importantes.

«Nous croyons que tous les faits mènent inéluctablement vers une réponse positive [des autorités américaines]», a-t-il affirmé, se félicitant aux passages de la lettre d'appui au projet signée par les dirigeants de quelque

170 grandes sociétés américaines.

«C'est un choix entre le Canada et le Venezuela. Le pétrole canadien va simplement remplacer le pétrole vénézuélien, qui cause davantage d'émissions de gaz à effet de serre. Aussi, ce pipeline rendrait les États-Unis moins dépendants du pétrole du Proche-Orient. Le pétrole transporté par train cause plus d'émissions de gaz d'échappement que s'il est acheminé par pipeline, environ 8% de plus. Et le transport de pétrole par train depuis la publication du rapport du département de l'État en 2012 a augmenté de 43%. Et cela ne fait qu'augmenter», a-t-il dit.