Le premier ministre Stephen Harper dirige un gouvernement «sans vision et sans ambition», estime le chef du Parti libéral Justin Trudeau. Il suffit de faire une comparaison du bilan du gouvernement Harper avec celui du dernier gouvernement conservateur, dirigé par Brian Mulroney, pour s'en convaincre, croit le chef libéral.

Sous la houlette de Stephen Harper, les conservateurs semblent davantage motivés à démolir leurs adversaires qu'à laisser un héritage permanent au pays, a ajouté M. Trudeau dans une entrevue accordée à La Presse.

Le jeune chef libéral a tenu à préciser qu'il n'a pas toujours été d'accord avec les politiques mises de l'avant par l'ancien gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney. Mais les mesures qu'il a proposées avaient au moins le mérite d'incarner une vision claire et précise, a-t-il souligné. Alors que le gouvernement Harper se prépare à présenter un discours du Trône mercredi prochain, M. Trudeau ne s'attend pas à un changement de ton radical des conservateurs à quelque deux ans avant les prochaines élections fédérales.

«Mon grand problème avec eux, ce n'est pas nécessairement leur ton négatif. Mon grand problème, c'est leur manque d'ambition, leur manque de vision et de solutions concrètes pour les gens», a soutenu M. Trudeau, à la barre du Parti libéral depuis maintenant six mois.

M. Trudeau a affirmé qu'il fait souvent cette comparaison entre le gouvernement de Stephen Harper et le gouvernement de Brian Mulroney durant ses tournées au pays. Chaque fois, ses propos forcent son auditoire à faire une réflexion intéressante, a-t-il dit.

«Il y avait bien des enjeux avec lesquels j'étais en désaccord avec M. Mulroney, c'est certain. Mais il a su proposer un grand plan pour le pays et il se donnait une feuille de route pour y arriver. L'accord de libre-échange avec les États-Unis, l'accord de Charlottetown et celui du lac Meech, je n'étais pas d'accord avec cela, mais au moins il avait une vision pour le pays», a dit M. Trudeau.

Il a ajouté que M. Mulroney avait fait preuve de leadership sur la scène internationale en menant la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud malgré les vives critiques de l'ancienne première ministre de la Grande-Bretagne Margaret Thatcher.

En matière environnementale, le gouvernement Mulroney a aussi fait sa marque en concluant une entente sur les pluies acides avec les États-Unis, a rappelé M. Trudeau, alors que le gouvernement Harper, lui, fait dérailler les conférences internationales sur les changements climatiques et a donné au Canada une réputation de cancre à l'étranger sur les questions environnementales.

«Dans les années 70, mon père et Jean Chrétien ont créé plein de parcs. C'est bien beau cela, mais il y avait d'autres choses à faire. On a qu'à penser à la protection de la couche d'ozone, à la lutte contre les pluies acides. M. Mulroney avait une vision pour le pays. Le contraste est quand même frappant. Je ne peux pas être en accord ou en désaccord avec la vision du gouvernement Harper. Il n'en a pas», a-t-il a affirmé.

Cela dit, M. Trudeau a convenu qu'il a l'obligation de présenter des politiques, sa propre «vision», aux Canadiens avant les prochaines élections. Ses troupes plancheront sur une panoplie de propositions au cours des prochains mois qui seront incluses dans le programme électoral du parti.