Le premier ministre Stephen Harper a annoncé officiellement, lundi, qu'il ne participera pas à la réunion des chefs d'État et de gouvernement des pays du Commonwealth qui se tiendra dans la capitale sri-lankaise, Colombo, le mois prochain.

M. Harper explique sa décision par la dégradation des droits de la personne qu'il constate au Sri Lanka. C'est Deepak Obhrai, secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères et des Droits internationaux de la personne, qui représentera le Canada à cette rencontre.

Le Sri Lanka occupe pour les deux prochaines années la présidence tournante de l'organisation internationale.

À un groupe de journalistes qui l'accompagnent au sommet des pays de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bali, en Indonésie, le premier ministre Harper a fait part lundi de ses profondes inquiétudes à propos de la situation socio-politique au Sri Lanka.

Et peut-être plus significativement encore, M. Harper a averti qu'Ottawa pourrait réduire sa contribution financière à l'organisation du Commonwealth en raison des violations des droits de la personne par le gouvernement sri-lankais.

Le premier ministre Harper a évoqué toutes sortes de sources d'inquiétude, telles que la destitution du juge en chef sri-lankais au début de l'année, des cas signalés d'intimidation et d'incarcération de dirigeants politiques et de journalistes, et des allégations d'exécutions extrajudiciaires.

«Au cours des deux dernières années, nous avons non seulement constaté l'absence d'améliorations dans ces secteurs, mais en fait plutôt un recul significatif sur la plupart des questions, une détérioration marquée de la situation», a exprimé M. Harper lundi, lors d'un bref passage devant les médias en marge du sommet de l'APEC à Bali.

«En fonction de ces constats, j'ai pris la décision de ne pas prendre part au sommet des leaders du Commonwealth cet automne», a-t-il ajouté.

M. Harper a dit ne pas avoir pris cette décision de gaieté de coeur. Toutefois, le premier ministre évoquait un possible boycott depuis la dernière rencontre du Commonwealth en Australie en 2011.

Mais sa critique de l'organisation dans son ensemble et ses menaces sur la contribution financière canadienne représentent une escalade dans le ton du premier ministre.

Le Canada contribue à hauteur de environ 20 millions $ annuellement aux diverses initiatives du Commonwealth, dont 5 millions $ au secrétariat de l'organisation, faisant du Canada le deuxième contributeur en importance.

Le regroupement de 54 pays anciennement sous la gouverne britannique fait face à une crise existentielle au coeur de la multiplication des «clubs internationaux». Toute absence prolongée du Canada ou retrait de fonds pourraient être fatals pour le groupe chancelant.

«Quand le Sri Lanka a été choisi pour accueillir la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en 2013, le Canada espérait que le gouvernement sri-lankais profiterait de l'occasion pour améliorer la situation des droits de la personne, et qu'il prendrait des mesures en vue de la réconciliation et de la reddition de comptes. Malheureusement, ce n'est pas le cas», explique M. Harper dans un communiqué.

Le gouvernement Harper se dit d'avis que pour rester pertinent, le Commonwealth doit se faire le défenseur des principes fondamentaux à la base de l'organisation que sont «la liberté, la démocratie et le respect de la dignité humaine».

Paul Dewar, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'affaires étrangères, a indiqué que son parti soutient l'idée d'un boycott du Commonwealth, mais que le NPD n'est pas en faveur de remettre en cause les contributions financières à l'organisation.

M. Dewar en a contre le lien direct fait entre les critiques d'un membre en particulier et la valeur de l'organisation dans son ensemble.