Le bureau du premier ministre avait averti le réseau CTV qu'un de ses caméramans ne pourrait pas voyager avec Stephen Harper cette semaine. On lui reproche d'avoir posé une question à M. Harper, la semaine dernière à New York.

Mais une fois cette affaire rendue publique, le bureau de M. Harper a reculé.

Le caméraman, Dave Ellis, participait à une prise d'images après un des événements de jeudi dernier à New York. Au même moment, à Ottawa, on apprenait que le député conservateur Dean Del Mastro était accusé de fraude électorale. Le caméraman a alors demandé au premier ministre s'il voulait commenter cette nouvelle.

«Un commentaire, monsieur, au sujet des accusations contre Dean Del Mastro?» a demandé M. Ellis alors que la séance de photos prenait fin.

Si sur les lieux, M. Ellis n'a récolté que du silence, ses patrons à Ottawa ont été contactés lundi par le bureau du premier ministre.

On a demandé le nom du caméraman qui était à New York et constatant qu'il devait être d'un autre voyage, à partir de ce jeudi en Malaisie, on a indiqué à CTV qu'il n'était plus le bienvenu sur l'avion du premier ministre.

Pourtant, l'accréditation de M. Ellis avait été acceptée pour ce voyage.

Mercredi matin, Matthew Garrow, porte-parole de CTV News, assurait que son réseau avait toujours l'intention d'envoyer M. Ellis faire son travail.

«Dave sera à l'aéroport et nous verrons ce qui arrivera à partir de là», a dit M. Garrow en entrevue téléphonique.

Les réseaux de télévision qui partagent les coûts du voyage en Malaisie avaient l'intention d'appuyer CTV. En situation de «pool», un réseau envoie une équipe de tournage alors que les autres se contentent de partager les frais. Pour ce voyage, les réseaux CBC, SRC, Global, CPAC et CTV participent au «pool».

«Pour nous, c'est une pente dangereuse de laisser le premier ministre décider qui peut monter sur cet avion et qui ne peut pas le faire», a confié un représentant d'un de ces réseaux de télévision qui ne voulait pas être identifié.

Cette affaire, selon lui, «c'est une question de principe».

Au bureau du premier ministre, on a d'abord refusé de confirmer l'interdiction signifiée à CTV.

«On n'interdit à aucun média canadien de nous joindre pour le voyage au Sommet de l'APEC», a affirmé Jason MacDonald, le directeur des communications du premier ministre.

«Dire le contraire est tout à fait faux», a-t-il insisté. Mais il refusait, encore mercredi matin, de dire si M. Ellis en particulier pouvait être du voyage.

Quelques minutes après que La Presse Canadienne eut diffusé un article sur cette affaire, mercredi après-midi, M. MacDonald envoyait un nouveau courriel pour, cette fois, préciser que «personne est interdit du voyage en Malaisie».

Depuis son arrivée au pouvoir, le premier ministre Harper a réduit à un minimum ses contacts avec les journalistes. Lors de séances de prises d'images, seuls les caméramans sont admis et les questions sont interdites. Pendant sa visite à New York, la semaine dernière, il n'a tenu aucun point de presse et n'a répondu à aucune question de journalistes.