Le Premier ministre Stephen Harper a exhorté lundi l'Égypte à libérer immédiatement un médecin et un cinéaste canadiens, emprisonnés depuis 45 jours au Caire dans des conditions difficiles.

John Greyson, cinéaste et universitaire de Toronto, et Tarek Loubani, un médecin originaire de London, dans le sud de l'Ontario, ont été arrêtés le 16 août au Caire après avoir tenté, sans succès, de se rendre dans l'enclave palestinienne de Gaza. M. Greyson voulait y effectuer un repérage pour un futur documentaire, tandis que M. Loubani voulait participer à la formation de médecins gazaouis.

«En l'absence de charges contre eux, le Dr Loubani et M. Greyson devraient être libérés immédiatement», a fait valoir le bureau de M. Harper dans un communiqué à l'AFP.

Leurs proches ont annoncé lundi que la justice égyptienne venait de prolonger de 45 jours leur détention, alors que la mobilisation pour leur libération s'intensifie au Canada où 145 000 personnes ont signé une pétition pour leur remise en liberté.

Les deux hommes ont décrit dans une lettre diffusée ce week-end leurs «conditions ridicules» de détention à la prison de Tora, au Caire. Ils partagent leur cellule de 3,5 m sur 5,5 m avec six autres détenus et disent «dormir comme des sardines sur le ciment avec des cafards», n'ayant que l'«eau boueuse du Nil» à boire.

Dans leur récit, ils sont revenus sur leur arrestation. Ayant dû abandonner l'idée de se rendre à Gaza, ils avaient voulu aller jeter un oeil aux manifestations qui avaient lieu non loin de leur hôtel, quand ils ont vu «des blessés et des morts affluer» au cours d'affrontements entre les partisans du président déchu Mohamed Morsi et les forces de l'ordre.

Médecin, Tarek Loubani a immédiatement retrouvé ses réflexes, tentant de réanimer plusieurs manifestants, tandis que John Greyson filmait «le carnage qui avait lieu». «Nous avons vu plus de 50 Égyptiens mourir», ont noté les deux Canadiens. Selon eux, le bilan de cette journée sera au final de 102 décès au Caire.

C'est lorsqu'ils ont voulu retourner à leur hôtel qu'ils ont été «arrêtés, fouillés, incarcérés, interrogés, filmés avec "un terroriste syrien", giflés, battus, ridiculisés», en plus d'avoir été torturés de diverses manières, ont-ils raconté.

«Nous méritons un processus judiciaire en bonne et due forme, pas des cafards sur du ciment. Nous demandons à être libérés», concluent-ils.