L'ancien chef libéral Michael Ignatieff affirme que Justin Trudeau est un «animal politique» doté «d'habiletés politiques innées» qui ira loin lors des prochaines élections fédérales.

Lors d'une entrevue à coeur ouvert accordée à l'émission Question Period du réseau CTV, M. Ignatieff, qui a mené les libéraux à l'une des pires défaites de son histoire en 2011, a avoué que M. Trudeau possédait des habiletés politiques qu'il n'avait pas.

Son défi, a-t-il dit, sera de convaincre les Canadiens qu'il peut être un bon premier ministre.

M. Ignatieff, qui fait la promotion de son livre Fire and Ashes qui porte sur ses années en politiques, a confié avoir beaucoup de respect pour l'aisance de M. Trudeau à faire de la politique. Il s'est gardé de donner des conseils à M. Trudeau, mais a laissé entendre que les libéraux faisaient fausse route en tentant de démoniser Stephen Harper et de le dépeindre comme un «républicain de droite» fanatique.

La raison pour laquelle M. Harper demeure au pouvoir, selon M. Ignatieff, est qu'il tend vers le «centre-droit» des politiques canadiennes.

Après avoir perdu son siège lors des élections de 2011, l'ancien professeur de l'Université Harvard est retourné à l'enseignement, cette fois à Toronto.

Il a soutenu ne pas entretenir de rancune, mais a admis avoir été blessé par une publicité des conservateurs qui le dépeignait comme un intrus qui n'était que de passage en politique.

La publicité fournissait comme argument les 34 ans que M. Ignatieff a passés à l'extérieur du pays à travailler comme professeur, journaliste et commentateur.

Il a confié à CTV qu'il sentait que l'attaque discréditait les gens qui apprennent sur le monde et qui voyagent à l'étranger.

«La plupart des jeunes Canadiens à qui je parle vont passer la majorité de leur vie à l'extérieur du pays», a-t-il dit. «Nous sommes l'un des pays les plus ouverts sur le monde, et ma préoccupation est que M. Harper ne s'en tire pas avec la prochaine génération comme il s'en est tiré avec moi. Je veux que les jeunes Canadiens passent dix ans à l'étranger, qu'ils mettent leur talent à contribution ailleurs et reviennent pour servir leur pays.»

Dans une autre entrevue accordée dimanche à The West Block with Tom Clark au réseau Global, M. Ignatieff a affirmé qu'il ne regrettait pas son expérience en politique, malgré sa chute.

«Je suis heureux de l'avoir fait. En fait, je le referais probablement de la même façon», a-t-il dit.

«Ç'a été une expérience extraordinaire d'enfiler mes patins et je ne vais pas me plaindre d'avoir reçu quelques mises en échec. Si on décide de faire cela, il faut prendre tout ce qui vient à nous. La chose la plus stupide à faire serait de s'en plaindre.»