Le gouvernement du Parti québécois devra se passer de l'appui du Bloc québécois sur le contenu de la Charte des valeurs québécoises, du moins pour l'instant.

En entrevue à La Presse, le chef bloquiste Daniel Paillé a salué mardi la prise de position du gouvernement Marois, de même que les débats et la réflexion que le processus annoncé permettra d'avoir.

Mais il n'est pas allé jusqu'à appuyer le contenu des mesures proposées, en particulier l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires par tous les employés de l'État.

Le leader souverainiste a rappelé que dans son mémoire présenté à la Commission Bouchard-Taylor en 2007, le Bloc québécois avait prôné une interdiction du port de ces symboles religieux uniquement pour les employés de l'État qui sont en position d'autorité, et non pas pour l'ensemble des fonctionnaires.

« En 2007, c'était fondé. Ce l'est encore. Le gouvernement du Québec dépose un document qui s'applique à tout le monde et on nous invite à la discussion. Discutons de cela », a déclaré M. Paillé.

À l'époque, les dissensions au sein des troupes souverainistes sur ce sujet de la laïcité de l'État avaient été relatées publiquement.

Mais depuis l'élection du Parti québécois il y a un an, c'est l'une des rares fois où le Bloc prend ses distances face à aux politiques du gouvernement Marois.

« On n'est pas une succursale », a tranché Daniel Paillé à cet égard. « Mais c'est fait avec respect, ouverture et écoute », s'est-il empressé d'ajouter.

M. Paillé souhaite donc prendre part à l'exercice de réflexion proposé par le gouvernement Marois et il invite toutes les formations politiques, incluant les partis fédéralistes d'Ottawa, à y participer également.

Au sujet du lieutenant du Québec de Stephen Harper, Denis Lebel, qui a brandi ce matin la menace d'un recours judiciaire du fédéral pour contester la constitutionnalité de la Charte, il a lancé : « Denis Lebel qui sort déjà le gros bat pour dire : si vous réfléchissez là-dessus et que vous arrivez à ça, voici, on va vous démolir... Qu'il ait un peu de respect, qu'il prenne un peu de hauteur et qu'il participe lui aussi au fond du débat comme Québécois ».

D'ailleurs, il n'exclut pas la possibilité que les positions de son propre parti évoluent au cours du processus. « Il y avait une position du Bloc en 2007. Aujourd'hui, on est en 2013. Je veux entendre et réfléchir avec les gens du Bloc, avec mon caucus, avec les gens du bureau national, avec les militants, pour dire : est-ce qu'on doit aller jusqu'au bout, comme le propose le gouvernement du Québec? »

 « Je ne me défile pas, a conclu le chef bloquiste. Mais en même temps, ça arrive rarement dans une société qu'on a du temps pour réagir à des enjeux aussi importants... Prenons-le. »