La sénatrice Pamela Wallin s'engage à rembourser la totalité des dépenses jugées injustifiées par la firme Deloite depuis sa nomination en janvier 2009 - une somme qui pourrait dépasser les 120 000 dollars - même si elle conteste les conclusions de la firme embauchée par le Sénat pour passer au peigne toutes ses dépenses.

Près du tiers des demandes de remboursement de dépenses soumises par la sénatrice Pamela Wallin- environ 121 000 $ - étaient injustifiées, selon les calculs de la firme de comptabilité Deloitte.

La firme a passé au peigne toutes les dépenses de voyage soumises par Mme Wallin depuis que le premier ministre Stephen Harper l'a nommée au Sénat il y a plus de quatre ans. Un travail minutieux qui a pris six mois et qui permet d'avoir l'heure juste sur les dépenses de la sénatrice. Un rapport exhaustif de 95 pages a été remis hier aux membres du comité directeur de la régie interne du Sénat. Ce rapport doit être rendu public aujourd'hui.

En tout, la firme Deloitte estime que Mme Wallin devrait rembourser au moins 121 000 $ dollars aux contribuables, soit près du tiers des 375 000 dollars en frais de déplacement qu'elle a réclamé au cours des dernières années alors qu'elle vaquait à d'autres occupations qui n'étaient pas liées à ses fonctions de sénatrice. Ces frais de voyage auraient été encourus en grande partie pour qu'elle assiste à des réunions de conseils d'administration d'entreprises dont elle était membre ou pour se rendre à l'Université de Guelph où elle a été chancelière jusqu'en 2011. De cette somme, il faudrait toutefois retrancher les 38 000 $ que la sénatrice de la Saskatchewan a déjà remboursé au printemps.

Selon des informations obtenues par La Presse, Deloitte a aussi mis en doute une autre somme de 20 000 $ en frais de déplacement, mais la firme laisse aux membres du comité de régie interne du Sénat le soin de déterminer si ces dépenses étaient justifiées.

Autre constat troublant : Deloitte soupçonne le bureau de Mme Wallin d'avoir modifié de façon rétroactive le carnet de voyage de la sénatrice, après le début de l'enquête, dans l'espoir de justifier certains frais de déplacement.

Dans une longue déclaration aux médias, en fin de journée, lundi, Mme Wallin a clamé son innoncence. À mon avis, ce rapport est le résultat d'un processus fondamentalement erroné et injuste. (...) Nombre de dépenses soumises, et approuvées par le département de Finance du Sénat de 2009 jusqu'à présent, ont été ensuite désapprouvées dans le rapport Deloitte. Mes avocats et moi croyons fortement que Deloitte a imposé, de façon erronée et rétroactive, les changements à la politique régissant les déplacements des sénateurs, adoptés en 2012. Il en résulte que plusieurs dépenses soumises et approuvées par le département des Finances en 2009, 2010 et 2011 ont maintenant été désapprouvées par Deloitte», a dit Mme Wallin.

«Malgré le fait que je doute largement que le processus fut juste, je ne veux surtout pas accabler davantage les citoyens de ma province du Saskatchewan, le peuple canadien, ni mes collègues au Sénat avec cette affaire. Plus que tout, je désire me remettre à la tâche qui m'a convoquée ici à Ottawa, soit celle de représenter mes concitoyens et de militer pour les causes qui me tiennent à coeur. En conclusion, je répète clairement que je rembourserai le montant total déterminé par le comité, intérêt compris, une fois le bilan total m'est communiqué, et ce de mes propres ressources», a-t-elle ajouté.

Les sénateurs qui font partie du comité de régie interne se sont réunis lundi soir afin de prendre connaissance du rapport et décider des prochaines étapes. Selon des informations obtenues par La Presse, le comité songerait expédier le rapport à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Le président du comité de régie interne, le conservateur Gerald Comeau, a confirmé que cette option est sérieusement envisagée. «Si nous avons l'impression qu'il y a eu une forme d'abus, cela pourrait être confié à la GRC», a indiqué le sénateur Comeau.

La leader du gouvernement au Sénat, Marjory LeBreton, a clairement fait savoir que Mme Wallin devra rembourser chaque dollar de dépenses injustifiées. «Notre gouvernement ne tolérera pas qu'on gaspille ou utilise à mauvais escient l'argent durement gagné des Canadiens et Canadiennes. Nous nous attendons à ce que toutes les dépenses inappropriées soient remboursées. La sénatrice Wallin n'est plus membre du caucus et doit répondre de ses actes», a affirmé Mme LeBreton dans un communiqué. 

«Notre gouvernement continuera de préconiser une réforme en profondeur du Sénat, notamment l'élection de ses membres, la limite de la durée du mandat des sénateurs et la surveillance rigoureuse de leurs dépenses. Les Canadiens et Canadiennes comprennent que notre Sénat, dans sa forme actuelle, doit soit changer, soit, à l'instar des anciennes chambres hautes de nos provinces, disparaître.»