Alors que, depuis l'an dernier, le gouvernement conservateur met la hache dans de nombreux emplois et outils pédagogiques, Parcs Canada compte maintenant investir 60 000$ dans sa mascotte Parka pour rajeunir son image.

«La restructuration nous a amenés à revoir où on investissait nos ressources et l'erreur à éviter serait de restructurer ses activités sans prendre les moyens pour renouveler son offre et attirer une nouvelle clientèle», a précisé Frédéric Baril, de Parcs Canada.

Le défi de la mascotte sera d'autant plus grand qu'une hausse des tarifs des sites de Parcs Canada est envisagée. L'agence fédérale a effectivement organisé en janvier dernier des consultations publiques afin d'évaluer la possibilité de mettre fin au gel des tarifs de ses sites.

Augmenter la clientèle

Parcs Canada réfléchit depuis quelques années aux façons d'augmenter sa clientèle.

Déjà en 2010, il confiait à la firme Genivar un contrat de 235 000$ pour évaluer son programme de surveillance de la fréquentation des visiteurs. En 2011, il s'est doté de la mascotte Parka, une dame castor. Les 35 costumes ont coûté 5800$ chacun, soit 203 000$.

Parcs Canada investit maintenant 60 000$ dans un contrat de deux ans pour développer le potentiel de sa mascotte Parka, c'est-à-dire l'utiliser «comme véhicule de diffusion pour attirer les jeunes enfants et leur famille», peut-on lire dans l'appel d'offres que La Presse a obtenu.

L'entreprise d'Ottawa qui a obtenu ce contrat, Nostbakken and Nostbakken, devra concevoir le personnage et le Club Parka et intégrer la mascotte dans la programmation de l'agence fédérale. Le contrat prévoit aussi la création d'un partenariat avec des collaborateurs potentiels comme Radio-Canada et autres «dans les médias pour enfants».

Le syndicat déçu

Le syndicat se dit déçu, mais pas surpris de cette orientation de Parcs Canada. «C'est leur style, on coupe dans un endroit et on investit ailleurs pour faire bonne figure», croit Patrick Leblanc, attaché politique de la section régionale québécoise de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

«Ce qui est dommage, c'est qu'on met beaucoup d'argent dans les costumes, mais on réduit l'accessibilité des sites..., dit-il. On veut attirer les jeunes, mais on a coupé de nombreux programmes scolaires.»

Parcs Canada confirme qu'il éliminera les «dépenses d'élaboration d'outils d'enseignement à l'intention des enseignants et des provinces». Les écoles peuvent se rendre dans les musées, mais les enseignants sont davantage laissés à eux-mêmes.

Dans la foulée des coupes budgétaires dans la fonction publique du gouvernement Harper, Parcs Canada avait annoncé en avril 2012 des coupes de 29,2 millions de dollars qui ont touché 1699 emplois, dont de nombreux postes d'archéologues.

L'AFPC s'était inquiétée des conséquences de ces coupes sur le terrain. Les heures d'ouverture des sites ont été réduites, mais aucun n'a été fermé, précise Parcs Canada. «Le parc Forillon n'est même plus déneigé l'hiver, ce n'est pas fermé, mais ce n'est pas entretenu», déplore M. Leblanc, qui craint que la baisse de service se répercute sur la fréquentation et finisse par justifier la fermeture de sites.

Le syndicat souligne aussi que le nombre de guides a diminué et que Parka, si sympathique soit-elle, ne pourra transmettre leur savoir. Parka, comme de nombreuses mascottes, est muette.

Parcs Canada est optimiste quant à ses méthodes déployées depuis quelques années pour rajeunir sa clientèle, dont l'âge moyen est d'environ 50 ans. «Jusqu'ici, on a déjà une augmentation de nos visiteurs de 3% par rapport à l'année dernière. Et c'est notamment grâce à notre mascotte très populaire auprès de jeunes», a expliqué M. Baril.

- Avec William Leclerc

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Quelques chiffres

> Une mascotte coûte en moyenne de 4000 à 5000$

> Parcs Canada possède 35 costumes de Parka

> L'objectif de réduction des dépenses de Parcs Canada de 29, 2 millions a été annoncé dans le Plan d'action économique 2012

> 638 postes ont été éliminés au pays. En tout, 1699 postes ont été touchés (heures réduites, notamment)

> Parcs Canada compte un réseau de 44 parcs nationaux, de 167 lieux historiques nationaux et de quatre aires marines nationales de conservation