Le chef de l'opposition officielle aux Communes, Thomas Mulcair, entreprend lundi une visite de trois jours à Paris, avec l'objectif affiché de se rapprocher des socialistes au pouvoir en France.

«C'est très important pour nous au Nouveau Parti démocratique. Nous voulons tisser des liens en vue de la formation, en 2015, du premier gouvernement social-démocrate de l'histoire du Canada », a-t-il expliqué en entrevue.

Les séjours en France d'un chef de l'opposition officielle canadienne sont des événements rares.

La visite du chef du NPD survient presque 20 ans après celle que Lucien Bouchard avait faite en 1994, lorsqu'il était à la tête du Bloc québécois.

Dans un climat pré-référendaire, surveillé de près par l'ambassade du Canada et suivi par une horde de journalistes, Lucien Bouchard avait eu droit à des rencontres au plus haut niveau, avec le président François Mitterrand, le président de l'Assemblée nationale, le très pro-souverainiste Philippe Séguin, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, et le président du Sénat, René Monory.

Même s'il ne peut prétendre à un tel tableau de chasse, Thomas Mulcair se réjouit que les socialistes français lui aient «ouvert les portes».

Lundi après-midi, il sera reçu à l'hôtel Matignon par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, ce qui est déjà un «message fort», estime un diplomate influent. Il rencontrera ensuite le premier secrétaire du Parti socialiste français, Harlem Désir.

À son programme figurent également une rencontre avec l'ex-ministre Elisabeth Guigou, qui préside la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, un entretien avec le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, et un rendez-vous au Quai d'Orsay avec le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin.

Thomas Mulcair arrive à Paris en terre connue. De tous les leaders politiques fédéraux, il est sans doute celui qui a le plus d'affinités, politiques et personnelles, avec la France de François Hollande.

Marié à la psychologue Catherine Pinhas, M. Mulcair possède, comme leurs deux fils, la double nationalité canadienne et française, ce que les conservateurs lui ont déjà reproché dans le passé.

Politiquement, le NPD, membre de l'Internationale socialiste, s'inscrit dans la même mouvance de centre-gauche que le Parti socialiste français. Et contrairement à Stephen Harper, «isolé sur le plan mondial», Thomas Mulcair croit que le Canada a beaucoup à apprendre de la France et de l'Europe.

«Mon affection et mes affinités avec la France sont profondes. Je suis dans une situation privilégiée pour expliquer la réalité canadienne à d'autres sociaux-démocrates, qui ont eux aussi pour priorité les dossiers sociaux, économiques et écologiques», dit-il, en insistant sur l'importance qu'il accorde lui-même au développement durable, son «dossier de prédilection».

Le chef néo-démocrate veut aussi favoriser «une meilleure connaissance du rôle primordial que la France peut jouer au Canada».

«Je me considère d'abord et avant tout comme un gestionnaire, et la France a une histoire très forte en matière de gestion publique», explique-t-il. «On n'est pas sorti du bois. C'est en travaillant ensemble qu'on va trouver les meilleures solutions.»