Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a confirmé la présence au Canada d'une jeune Pakistanaise de confession chrétienne accusée de blasphème, dans une affaire qui avait attiré l'attention de la communauté internationale sur la dureté des lois pakistanaises.

M. Kenney a indiqué dimanche avoir rencontré la jeune fille, de même que ses parents, ses frères et ses soeurs, à leur arrivée au pays en avril.

La veille, Citoyenneté et Immigration Canada avaient refusé de confirmer la présence de la jeune fille au Canada, alléguant des raisons de sécurité. Il est plutôt rare, par ailleurs, que le ministre Kenney commente des cas précis d'immigration.

La jeune Pakistanaise Rimsha Masih a été accusée puis arrêtée, en août dernier, après avoir supposément brûlé des pages du Coran pour alimenter un feu pour cuisiner. Or, l'imam qui l'avait dénoncée a par la suite été accusé de fabrication de preuve.

La jeune fille, qui a été incarcérée pendant un moment, a été acquittée, mais sa famille et elle ont dû fuir le Pakistan par crainte de représailles.

Le ministre Kenney avait donné son accord pour qu'ils puissent immigrer au Canada après avoir été avisé, plus tôt cette année, de cette controverse.

«J'ai répondu, "absolument", s'ils réussissent à la sortir de là», a raconté le ministre, dimanche, en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Il y a un certain nombre de personnes qui ont fait un travail très délicat et dangereux pour la sortir, elle et sa famille, du Pakistan, et nous avons fourni les visas nécessaires.»

Le ministre a ainsi émis un permis ministériel, un document qui facilite l'arrivée d'étrangers au pays.

M. Kenney a précisé que la famille recevrait la résidence permanence au Canada pour des motifs d'ordre humanitaire.

Selon un leader religieux musulman qui a défendu la jeune fille, elle aurait fait l'objet de menaces de mort au Pakistan.

«Je suis triste que cette fille innocente doive quitter le Pakistan. Elle a été acquittée par la cour, et malgré cela, ce n'était plus possible pour elle de vivre librement», a déclaré dimanche Tahir Mehmood Ashfari.

L'affaire avait fait les manchettes, notamment en raison du jeune âge de Rimsha Masih et des doutes sur ses capacités intellectuelles.

Un rapport médical officiel indique qu'elle est âgée de 14 ans, bien que certains de ses partisans aient affirmé qu'elle n'en avait que 11. Le rapport mentionnait également que ses habiletés intellectuelles ne concordaient pas avec son âge.