Le Canada n'est plus une destination aussi prisée des touristes étrangers et ce n'est pas parce que le pays est soudainement devenu moins attrayant, moins plaisant ou encore moins sécuritaire.

C'est surtout parce que le gouvernement fédéral ne prend pas les moyens qui s'imposent pour affronter la concurrence féroce dans ce domaine en sabrant notamment le budget de promotion du Canada comme destination touristique ou en rendant difficile l'obtention de visas pour les résidants de pays tels que la Chine, le Brésil ou encore le Mexique.

C'est du moins ce que soutient la Chambre de commerce du Canada (CCC) dans un rapport percutant visant à faire le point sur l'industrie touristique du pays, si importante pour de nombreuses régions et si névralgique pour la croissance de l'économie.

Dégringolade

Ce rapport, intitulé Rétablir la situation du tourisme au Canada, brosse un portrait alarmant des tendances des 10 dernières années.

En 2002, le Canada arrivait au 7e rang parmi les destinations les plus populaires après la France, l'Espagne, les États-Unis, l'Italie, la Chine et le Royaume-Uni. Environ 20,1 millions de touristes étrangers avaient alors foulé le sol canadien contre 77 millions en France, 52,3 millions en Espagne et 43,6 millions aux États-Unis.

Mais en 2012, le Canada a dégringolé au 16e rang des pays les plus prisés des touristes étrangers et n'a accueilli que 16,3 millions de visiteurs de l'extérieur, une chute de près de 20% en 10 ans.

Moins d'argent que l'Irlande ou le Mexique

Ces données, selon la Chambre de commerce, devraient faire réfléchir le gouvernement fédéral, qui a décidé, dans le cadre de sa lutte contre le déficit, d'imposer des compressions de quelque 20% à la Commission canadienne du tourisme.

Un pays comme l'Irlande consacrait trois fois plus d'argent par année - 211millions de dollars - que le Canada (72 millions) pour vendre sa marque de commerce à l'étranger en 2012 afin d'attirer des touristes.

Le Mexique, qui n'est pas membre du G7 comme le Canada, un club qui rassemble les pays les plus industrialisés, dépense deux fois plus que le gouvernement fédéral pour convaincre les touristes étrangers de débarquer en grand nombre en sol mexicain.

Une concurrence féroce

«Le recul du Canada ne s'explique pas parce qu'il est soudainement devenu moins beau, moins plaisant ou moins sécuritaire - des caractéristiques qui ont toujours attiré les visiteurs ici. Plutôt, le Canada n'a pas réagi à l'évolution de la réalité. Il n'a pas respecté le choix grandissant des voyageurs et il n'a pas lutté pour son avenir. L'industrie touristique est extrêmement compétitive et le Canada ne réussit pas à soutenir la concurrence», peut-on lire dans le rapport.

La CCC, qui rappelle que l'industrie touristique apporte 84,4 milliards de dollars à l'économie canadienne, emploie directement 600 000personnes dans l'ensemble du pays et a rapporté près de 21,4 milliards de dollars en recettes fiscales aux gouvernements en 2011, propose certains remèdes pour corriger la situation.

D'abord, le gouvernement doit investir davantage dans une stratégie de commercialisation dynamique à l'étranger.

Ensuite, il doit simplifier les démarches pour l'obtention d'un visa pour les pays comme la Chine, l'Inde, le Mexique et le Brésil. Il doit aussi trouver une façon de réduire les coûts liés à l'industrie de l'aviation, qui sont parmi les plus élevés du monde.

Enfin, il doit investir afin de renouveler certaines attractions touristiques.

> Irlande: 211 millions

> Mexique: 153 millions

> Australie: 147 millions

> Malaise: 128 millions

> Afrique du Sud: 118 millions

> France: 112 millions

> Corée du Sud: 94 millions

> Nouvelle-Zélande: 89 millions

> Brésil : 84 millions

> Suisse: 80 millions

> Canada: 72 millions