Le Canada aurait aidé les États-Unis et le Royaume-Uni à espionner les participants au sommet du G20 à Londres il y a quatre ans, selon des documents obtenus par le quotidien britannique The Guardian.

D'après le quotidien, des espions ont consulté les ordinateurs et écouté les appels téléphoniques de politiciens et représentants étrangers lors de deux réunions du G20 dans la capitale britannique en 2009. Les courriels et les appels reçus par les délégués sur leur téléphone intelligent BlackBerry auraient également été interceptés.

The Guardian a publié des diapositives PowerPoint décrivant l'opération. L'une d'entre elles porte l'emblème du Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC), l'organisme fédéral d'écoute électronique.

Il apparaît aux côtés de ceux de l'agence de sécurité nationale des États-Unis (NSA) et du service gouvernemental d'écoutes et de transmission du Royaume-Uni, ainsi que du logo «Joint Apps».

Les documents ont été fournis à la publication par l'ex-employé de la NSA Edward Snowden, qui a récemment provoqué un débat mondial au sujet de la surveillance exercée par les États sur leurs citoyens.

D'autres documents aussi dévoilés par M. Snowden indiquent qu'un programme de collecte de données secret appelé «Prism» a permis au gouvernement américain d'avoir accès à un volume important de courriels, de discussions en ligne et d'autres renseignements auprès d'entreprises comme Google, Microsoft et Apple.

La nouvelle concernant l'espionnage au sommet du G20 de Londres survient alors que se termine le sommet du G8 en Irlande du Nord.

Selon The Guardian, des cafés internet spéciaux ont été mis en place dans la capitale britannique en 2009 avec des ordinateurs dotés de logiciels pouvant intercepter les courriels et garder en mémoire les touches frappées sur le clavier. Des comptes rendus des appels ont également été remis à des équipes d'analystes.

Le journal a aussi rapporté que le ministre turc des Finances et le leader russe Dmitri Medvedev avaient fait l'objet d'une attention spéciale de la part des espions et que l'information semblait avoir été transmise aux ministres britanniques.

«Envoyer les messages aux analystes durant le G20 presque en temps réel. Fournir de l'information aux ministres du Royaume-Uni au moment opportun», peut-on lire sur la diapositive qui porte l'emblème du CSTC.

Un porte-parole de l'organisme fédéral n'a pas voulu commenter l'affaire mardi.

Basé à Ottawa, le CSTC emploie plus de 2000 personnes, dont des mathématiciens, des linguistes et des experts en décryptage, et a un budget annuel d'environ 400 millions de dollars.