Après avoir été ébranlés par «l'ouragan Mike Duffy», qui a forcé la démission du chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, les conservateurs appréhendent une autre forte tempête politique d'ici la fin juin, cette fois-ci provoquée par les frais de déplacement élevés de la sénatrice Pamela Wallin.

Les dépenses de Mme Wallin - qui a été évincée du caucus conservateur il y a deux semaines, 24 heures à peine après l'expulsion de Mike Duffy - font l'objet d'une enquête de la firme Deloitte depuis plusieurs semaines.

Selon des informations obtenues par La Presse hier, ce rapport devrait être terminé et rendu public d'ici la fin juin, vraisemblablement avant la tenue du congrès national du Parti conservateur qui aura lieu à Calgary du 27 au 29 juin.

Représentant la province de la Saskatchewan au Sénat, Mme Wallin a soumis des factures salées totalisant 321 182$ en frais de voyage du 1er septembre 2010 à la fin février 2013, ce qui fait d'elle l'une des sénatrices les plus dépensières à cet égard.

Il y a quelques semaines, les experts de la firme Deloitte ont demandé à Mme Wallin, nommée au Sénat par Stephen Harper en décembre 2008, de lui fournir plus de détails et de reçus concernant ses dépenses. Même si l'enquête n'est pas terminée, Mme Wallin a décidé de rembourser au moins 40 000$ en frais de voyages récemment, selon le réseau CBC.

Selon certaines informations, Mme Wallin aurait refilé la facture de ses voyages afin d'assister à des réunions de conseils d'administration auxquels elle siège ou pour ses déplacements durant la campagne électorale de 2011. Mme Wallin est membre des conseils d'administration de Porter Airlines et de Gluskin Sheff&Associates, une firme d'investissement ayant des bureaux à Toronto et Calgary, entre autres.

En février, Stephen Harper avait défendu bec et ongles les dépenses de Mme Wallin à la Chambre des communes. «J'ai regardé les chiffres. Ses frais de déplacement sont comparables à ceux de tout autre parlementaire ayant à faire la navette entre Ottawa et cette région du pays, pendant la période en question. [...] L'argent qu'elle dépense sert à payer ses déplacements pour se rendre dans cette province et pour en revenir, comme n'importe quel parlementaire ayant des obligations semblables», avait affirmé le premier ministre en réponse aux questions du chef du NPD, Thomas Mulcair.

Mais cette semaine, après que le scandale des dépenses des sénateurs eut pris de l'ampleur et qu'un comité du Sénat ait adressé l'affaire Nigel Wright-Mike Duffy à la GRC, M. Harper a adopté un tout autre ton.

Interrogé par Thomas Mulcair pour savoir ce qu'il a appris de la vérification des dépenses de Pamela Wallin qui expliquerait sa démission du caucus conservateur, M. Harper a déclaré mercredi: «Comme les députés le savent pertinemment, la vérification des dépenses de la sénatrice Wallin n'est pas terminée. La sénatrice Wallin a décidé de se retirer du caucus jusqu'à ce que l'affaire soit élucidée. Bien entendu, elle ne sera pas réadmise tant que ces questions n'auront pas été réglées. Si elle a de quelque façon agi de façon répréhensible, elle sera présentée aux autorités compétentes et elle devra subir les conséquences de ses actes.»

Rappelons que le chef de cabinet de M. Harper, Nigel Wright, a démissionné il y a deux semaines après avoir reconnu qu'il a signé un chèque personnel de 90 000$ au sénateur Mike Duffy afin de l'aider à rembourser les contribuables pour les allocations de logement qu'il a indûment empochées pendant quatre ans.