Le ministère des Travaux publics (TPSGC) fait une volte-face spectaculaire. Après avoir affirmé à La Presse qu'il ne passait pas au peigne fin les contrats qu'il a attribués aux entreprises mises à mal devant la commission Charbonneau, voilà que le ministère soutient au contraire qu'il « examine soigneusement » les contrats en vigueur qui ont été attribués par Ottawa à ces mêmes entreprises.

Le Ministère a corrigé le tir en expédiant un courriel à La Presse en fin de soirée, dimanche. Mais des porte-parole du Ministère et du bureau de la ministre des Travaux publics, RonaAmbrose, ont été incapables d'expliquer ces propos contradictoires.

Bon an, mal an, le ministère des Travaux publics accorde quelque 21 milliards de dollars en contrats pour des biens et des services au nom des nombreux ministères et agences du gouvernement fédéral. La Presse a pu constater que certaines des entreprises qui ont été nommées à la commission Charbonneau comme ayant participé à un stratagème de surfacturation des contrats pour remplir les coffres des partis politiques sur la scène municipale et provinciale obtiennent des millions de dollars en contrats du gouvernement fédéral.

Examen minutieux

« TPSGC examine soigneusement les contrats en vigueur attribués à des entreprises ou des personnes qui n'ont pas été reconnues coupables d'une infraction, mais pour lesquels le Ministère veut s'assurer davantage de l'intégrité des processus et des pratiques », affirme-t-on dans ce courriel.

Le Ministère va aussi plus loin en affirmant qu'il « n'hésitera pas à prendre les mesures qui s'imposent si la preuve est faite que des activités inappropriées ou illégales ont eu lieu, ou à référer les cas pour enquête par la Gendarmerie royale du Canada ou le Bureau de la concurrence. »

Ces propos tranchent nettement avec ceux tenus la semaine dernière, quand des porte-parole du Ministère affirmaient qu'il « ne mène pas de procédure de révision administrative des compagnies nommées à la commission Charbonneau ».

La semaine dernière, La Presse a révélé hier que la firme Dessau a décroché près de 20 millions de dollars en contrats de consultation depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs.

L'ancien vice-président de cette entreprise, Rosaire Sauriol, a déclaré sous serment à la commission Charbonneau qu'un stratagème de fausses factures destiné à remplir les coffres des partis politiques était aussi en vigueur sur la scène fédérale.