Justin Trudeau n'a pas l'intention de demander qu'on déclassifie les archives sur le rapatriement de la Constitution.

Mercredi, il a visité l'Assemblée nationale pour la première fois depuis son élection à la tête du Parti libéral du Canada (PLC). Mardi, les élus y avaient adopté à l'unanimité une motion pour demander à Ottawa de «donner accès à toute l'information contenue dans ses archives et réclame que toute la lumière soit faite sur les événements qui ont conduit à la proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982».

La Cour suprême a déjà indiqué qu'elle allait «examiner» les allégations de l'historien Frédéric Bastien, qui soutient dans son essai La bataille de Londres que le juge en chef du plus haut tribunal du pays aurait à l'époque violé la séparation des pouvoirs en informant Ottawa et Westminster de certains aspects des délibérations du renvoi sur le rapatriement.

Contrairement à Londres, Ottawa a caviardé les documents d'archives remis à M. Bastien dans le cadre de son enquête historique. «Pour moi, le fait que la Cour suprême va mener une enquête pour voir ce qui s'est passé avec le juge en chef Bora Laskin me satisfait pour l'instant», a répondu M. Trudeau. Il dit attendre la réponse de la Cour suprême avant d'aller plus loin.

«Quand l'Assemblée nationale adopte une motion unanime, il faut absolument le prendre au sérieux et s'y pencher», a néanmoins affirmé le nouveau chef du PLC, qui dit «partager l'inquiétude des Québécois par rapport à la séparation des pouvoirs».

M. Trudeau a profité de son passage à Québec pour rencontrer les chefs du Parti libéral du Québec (PLQ) et de la Coalition avenir Québec. La première ministre Pauline Marois a affirmé qu'elle n'avait pas le temps de le rencontrer. Elle a assuré qu'elle le fera quand son horaire le lui permettra.

Le chef du PLQ, Philippe Couillard, souhaiterait rouvrir la Constitution pour permettre au Québec d'y adhérer. Ce n'est toutefois pas sa priorité. Il veut en débattre dans son parti avant d'aller plus loin. M. Trudeau n'a pas démontré d'intérêt pour cette question. Il dit percevoir chez les gens «une fatigue d'avoir toujours ces mêmes conversations».

«On a eu une discussion où il a manifesté certainement un intérêt quant à la façon dont nous abordions la question, a affirmé M. Couillard. C'est très précoce. On n'est pas rendu au point d'ouvrir des négociations constitutionnelles.»

Quels interlocuteurs hors du Québec sont intéressés par la question? «Il y a les peuples autochtones qui en parlent, des gens parlent aussi de réforme du Sénat», a répondu le chef du PLQ.

M. Couillard ajoute qu'il s'agissait d'une première rencontre de seulement 20 minutes, où il a surtout été question d'économie, notamment d'assurance-emploi et des fonds d'épargne de travailleurs touchés par le dernier budget conservateur.