Yvonne Jones, la candidate libérale dans l'élection partielle dans la circonscription fédérale de Labrador, a affirmé que les conservateurs se donnaient ce qu'elle considère être un avantage injuste en effectuant des dépenses qui ne sont pas comptabilisées parce que l'élection n'a pas encore été déclenchée.

«Ils peuvent dépenser tout l'argent qu'ils veulent maintenant et ces sommes ne sont pas comptabilisées dans la campagne. Je ne fais que commencer, je ne peux pas dépenser à ce rythme», a-t-elle déclaré depuis Happy Valley-Goose Bay.

Mme Jones, qui est une députée provinciale depuis 17 ans, a promis de démissionner pour se présenter au fédéral. Elle a déjà commencé à s'organiser et a dit croire qu'elle avait de bonnes chances de battre Peter Penashue, le candidat sortant qui se présente à nouveau sous la bannière conservatrice.

M. Penashue a démissionné de son poste de ministre aux Affaires intergouvernementales et de son rôle de député après qu'Élections Canada eut découvert que sa campagne, en 2011, avait bénéficié de 28 contributions illégales. Il a blâmé son ancien agent officiel pour avoir accepté ces dons et s'est lancé à nouveau dans la course. Élections Canada mène une enquête sur cette affaire.

Le premier ministre Stephen Harper a jusqu'à la mi-septembre pour déclencher l'élection partielle, mais il existe des signes qu'il pourrait le faire plus tôt.

Selon Mme Jones, quatre personnes venues des bureaux du Parti conservateur à Ottawa se trouvent déjà au Labrador pour y faire campagne, et le bureau de campagne des conservateurs est prêt.

«Ça indique que quelque chose pourrait se passer plus tôt que tard», a-t-elle estimé.

M. Penashue, un ancien chef innu, avait signé une victoire-surprise en 2011, en battant le libéral et candidat sortant Todd Russell par seulement 79 votes dans ce qui était considéré comme l'un des châteaux forts libéraux les plus sûrs du pays.

Parmi les contributions illégales que sa campagne avait acceptées se trouvaient des dons d'entreprises et des contributions non monétaires des compagnies aériennes Innu Mikum Partnership et Provincial Airlines Ltd, qui ont offert des voyages à M. Penashue pour parcourir sa vaste circonscription.

En entrevue, M. Penashue a affirmé qu'il ne répéterait pas les mêmes erreurs.

«Cette fois c'est différent. Nous sommes beaucoup plus organisés et j'ai beaucoup plus de soutien administratif», a-t-il fait valoir.

Depuis sa démission, M. Penashue a fait la promotion de son travail de député dans des annonces publiées dans des journaux et par l'entremise du site web deliveringforlabrador.ca, enregistré trois jours avant sa démission. Il a aussi fait du porte-à-porte dans sa circonscription et dit être bien accueilli jusqu'à maintenant.

L'ex-député affirme que c'est juste de vanter ses réalisations, dont une garantie fédérale pour un prêt de 7,7 milliards $ consenti pour le projet hydro-électrique Muskrat Falls, ainsi que du financement pour l'autoroute Trans-Labradorienne.

«Nous dépensons évidemment de l'argent et nous faisons de la publicité avant le déclenchement, mais c'est légitime parce que c'est important que nous répandions l'information, le travail que j'ai accompli au cours des deux dernières années», s'est-il défendu.

Diane Benson, une porte-parole d'Élections Canada, a expliqué que la Loi électorale du Canada s'appliquait généralement aux dépenses faites pendant une campagne électorale officielle, mais que certaines dépenses faites avant un déclenchement peuvent toutefois être comptabilisées.

«Par exemple, le coût de la mise en place d'un site web, ou peut-être l'impression de pancartes et de dépliants. Si l'on paie pour des choses qui ont été achetées à l'avance, mais utilisées pendant la campagne, il s'agit de dépenses électorales», a-t-elle expliqué.

Le candidat du NPD Harry Borlase a également fait activement campagne au cours des derniers jours avec l'appui de Ryan Cleary, le député néo-démocrate de la circonscription de St. John's-South-Mount Pearl.