La fronde interne contre Stephen Harper a reçu un nouveau souffle, jeudi, lorsque trois députés conservateurs se sont rangés derrière leur collègue Mark Warawa pour dénoncer la mainmise du premier ministre sur les déclarations qu'ils prononcent en Chambre.

M. Warawa s'est plaint mardi d'être muselé par le bureau du premier ministre parce qu'on l'a empêché de prononcer une déclaration en appui à sa motion M-408. Cette motion aurait eu pour effet de condamner l'avortement sélectif des filles.

Lorsqu'il a porté plainte au président de la Chambre, M. Warawa était flanqué de deux collègues, Leon Benoit et Rod Bruinooge. Mercredi, son collègue albertain Brent Rathgeber leur a emboité le pas. Puis, jeudi, trois autres députés conservateurs ont pris la parole en sa faveur: Stephen Woodworth (Kitchener-Centre), John Williamson (Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest) et Kyle Seeback (Brampton-Ouest).

M. Williamson est l'ancien directeur des communications de M. Harper. À l'instar de ses collègues, il a plaidé que c'est au président de la Chambre de reconnaître le droit de parole aux députés, et non à la direction des partis politiques.

Selon lui, le whip en chef du gouvernement Harper, Gordon O'Connor, fait fausse route soutenant que le président est un arbitre qui n'a pas à dire aux entraîneurs quels joueurs ils peuvent envoyer sur la glace.

«Ce qui est proposé par cette analogie imparfaite, en plus d'éliminer le droit des députés de s'exprimer, est d'éteindre votre autorité, (au président de la Chambre) parce qu'on laisse entendre qu'il existe une autorité supérieure», a dénoncé M. Williamson.

Une motion non éligible

M. Warawa a subi un revers, jeudi, lorsque le Comité permanent de la procédure et des affaires a refusé de casser le verdict d'un sous-comité déclarant sa motion M-408 inéligible. La décision a été prise à huis clos et le président du comité, Joe Preston, a refusé d'expliquer les motifs de sa décision.

Le député Warawa s'est dit déçu du verdict, mais il n'entend pas abandonner son combat pour autant. Il pourrait introduire une version modifiée de sa motion, ou encore faire appel de la décision du comité à la Chambre des communes.

Il n'entend pas quitter le caucus conservateur.

«Je dois pouvoir me regarder dans le miroir et ma conscience est mon guide, a-t-il dit. Mais je suis aussi un fier membre du caucus conservateur, j'appuie sans réserve le premier ministre et je pense avoir un appui important à l'intérieur de mon caucus.»

La motion M-408 demandait aux parlementaires de condamner l'avortement sélectif des filles. Elle n'aurait pas été contraignante pour le gouvernement, mais elle l'aurait forcé à tenir un nouveau vote libre sur ce dossier explosif.

Stephen Harper n'a jamais dérogé à son engagement de ne pas rouvrir le débat sur l'avortement. Et ce, même si plusieurs conservateurs sociaux de son caucus souhaitent le contraire.

L'automne dernier, une majorité de députés - 87 sur 165 - ont voté en faveur d'une motion du député Stephen Woodworth qui visait à donner le statut d'être humain au foetus. La motion a néanmoins été battue après que la quasi-totalité des députés de l'opposition eut voté contre.