Dans un geste qui pourrait causer des frictions avec Québec, Ottawa a annoncé dans son budget de jeudi des changements importants à la manière dont des fonds destinés à la formation de la main-d'oeuvre seront distribués.

Une nouvelle « Subvention canadienne pour l'emploi » remplacera des transferts de 500 millions de dollars par année qui avaient été annoncés en 2007 pour la formation de Canadiens peu qualifiés ou non admissibles aux prestations d'assurance emploi.

Le gouvernement fédéral réservera dorénavant un montant de 300 millions de dollars pour des subventions destinées à la formation de particuliers à travers le pays.

Les fonds pourront être réclamés par les entreprises « ayant un plan de formation destiné aux Canadiens au chômage ou aux Canadiens sous-employés qui occupent un emploi ou veulent obtenir un meilleur emploi », précise le budget déposé par le ministre des Finances, Jim Flaherty, à la Chambre des communes jeudi.

Cette subvention pourrait dépasser 15 000 $ pour une personne qui suivant formation. De ce montant, Ottawa entend fournir un maximum de 5000 $ ; les provinces et les employeurs devront verser une contrepartie équivalente.

Par ces changements, le gouvernement Harper espère mieux aligner la formation avec les besoins du marché. « Le système de formation axé sur les compétences doit être mieux adapté pour que les Canadiens puissent acquérir les compétences qui leur permettront d'être embauchés ou de se trouver un meilleur emploi », explique le budget.

« Le reste des fonds, soit 200 millions de dollars, sera toujours remis aux provinces et aux territoires à l'appui de la prestation de services d'emplois essentiels, comme le conseil et l'aide à la recherche d'emploi, et l'administration », a-t-on ajouté.

Certaines modalités restent à négocier avec les provinces, comme la question de savoir qui administrera le programme.

Trois quarts de milliard

Au cours de l'année fiscale qui se termine, le Québec a reçu 116 millions $ en vertu de ces « ententes sur le marché du travail », selon les chiffres présentés par des fonctionnaires du ministère des Finances durant le huis clos du budget.

Au cours de la même période, la province aurait reçu un montant encore plus important, soit 585 millions de dollars, en vertu des « ententes sur le développement du marché du travail au titre de la formation aux personnes admissibles à l'assurance-emploi ».

Le gouvernement Harper a annoncé qu'il souhaitait renégocier ces ententes également. Il n'a toutefois pas précisé ses intentions.

Ces 585 millions proviennent d'une enveloppe de 1,95 milliard de dollars versés chaque année aux provinces et territoires à partir du Compte des opérations de l'assurance-emploi.

« Pas un rapatriement »

« On espère pas de bataille. Ce qu'on veut au bout du compte, c'est de jumeler les emplois disponibles avec les travailleurs disponibles », a déclaré le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, lors d'un point de presse.

« Il ne faut pas voir cela comme étant un rapatriement de pouvoirs à Ottawa, a ajouté le ministre. On veut que le privé s'investisse pour nous assurer que les fonds qu'on investit ne se traduisent pas seulement en formation. »

« C'est beau, la formation, mais il faut que ça aboutisse aussi, sachant qu'il y a un problème de pénurie de main-d'oeuvre. »

Les industries désignées dans le budget comme étant aux prises avec ce problème de pénurie incluent l'industrie pétrolière, celle des restaurateurs et services alimentaires, le domaine agricole et celui des technologies de l'information et des communications.