Le gouvernement Harper a dénoncé mardi le voyage de Thomas Mulcair aux États-Unis, accusant le chef du Nouveau Parti démocratique de nuire à la réalisation de l'oléoduc Keystone XL.

Le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a accusé le leader de l'opposition « d'abdiquer son leadership » en refusant de réitérer la position défendue par son parti au cours des dernières années dans ce dossier.

Il a rappelé que la leader adjointe du NPD, Megan Leslie, s'est rendue à Washington en 2011 pour inviter les législateurs américains à mettre le projet sur la glace.

M. Mulcair a fait savoir qu'il ne se prononcerait ni pour, ni contre la réalisation du pipeline pendant son voyage (voir l'article du Globe And Mail en anglais), affirmant que la décision relève de l'administration américaine.

Ce mutisme risque de nuire au projet, affirme M. Oliver.

« Je ne sais pas s'il a de la crédibilité aux États-Unis ou pas, a-t-il dit. Mais ça n'aide pas lorsqu'un membre important du Parlement se rend là-bas pour parler, directement ou indirectement, contre un projet qui est dans l'intérêt national du Canada. »

Le gouvernement Harper a mis toute la gomme pour convaincre les décideurs américains d'approuver le projet au cours des dernières semaines. Le ministre Oliver a prononcé des discours à Chicago et à Houston la semaine dernière. Son collègue aux Affaires étrangères, John Baird, s'est rendu à Washington au même moment.

Les ministres Ed Fast (Commerce international), Tony Clement (Conseil du Trésor) et Vic Toews (Sécurité publique) se trouvent aussi aux États-Unis cette semaine.

M. Oliver se défend de craindre que le projet soit en péril.

« Ce n'est pas une question de peur, a-t-il dit. C'est une question de crédibilité pour lui (M. Mulcair) et son parti. »

Les efforts du gouvernement Harper pour promouvoir le pipeline ont trouvé des appuis chez certains syndicats, traditionnellement plus proches du NPD. L'Association unie, qui représente 52 000 tuyauteurs et plombiers, a récemment écrit au président Obama pour le convaincre d'avaliser le projet Keystone XL.

Son président, John Telford, s'est défendu de critiquer M. Mulcair en marge du point de presse de M. Oliver. Il craint toutefois qu'un bras de fer politique au Canada vienne à nuire à l'approbation de Keystone XL au sud de la frontière.

« S'il y a assez de mauvaise publicité et d'absence de soutien, c'est certain que des gens vont écouter », a-t-il indiqué.

D'autres syndicats ont toutefois exprimé des réserves sur l'oléoduc. La Fédération albertaine du travail, en outre, craint que le projet se traduise par une diminution des emplois payants au Canada.

L'administration Obama a suspendu l'approbation du projet en janvier 2012. Son promoteur, TransCanada, depuis proposé un nouveau tracé qui contournera une zone écologique sensible au Nebraska. Washington doit décider ce printemps si le projet peut aller de l'avant.

Plus de détails à venir.