Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, jette le blâme sur les partis de l'opposition si Arthur Porter, un homme recherché par l'UPAC, a obtenu un poste important dans l'appareil gouvernemental.

M. Toews a affirmé jeudi à la Chambre des communes que les leaders du Parti libéral et du NPD ont été consultés avant que le premier ministre Stephen Harper nomme M. Porter au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) le 3 septembre 2008.

En juin 2010, M. Harper lui a accordé une promotion en le nommant président du CSARS, un organisme qui exerce, au nom du Parlement et du public canadien, «une surveillance sur le Service canadien du renseignement et de sécurité».

Si les partis de l'opposition avaient des objections, ils auraient dû les formuler avant que M. Harper ne confirme M. Porter dans ses fonctions, a affirmé M. Toews en réponse à une question du chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae. « Arthur Porter a remis sa démission. Elle a été acceptée il y a presque deux ans. Les leaders du NPD et du Parti libéral ont été consultés et ils ont donné leur consentement à cette nomination », a déclaré le ministre de la Sécurité publique.

« Aujourd'hui, le député se lève et il affirme qu'il n'avait pas d'information et qu'il a simplement donné son approbation. C'est une abdication de ses responsabilités. S'il avait des inquiétudes, il aurait dû les transmettre aux autorités et simplement poser des questions. Il a manqué à ses responsabilités », a dit M. Toews.

M. Rae a qualifié de « ridicules » les prétentions du ministre. Il a souligné que c'est le gouvernement, et non les partis de l'opposition, qui dispose des moyens de mener une enquête approfondie sur des individus qu'il veut nommer à des postes névralgiques dans l'appareil de l'État.

« C'est complètement ridicule, et le gouvernement n'a pas de réponse sauf de blâmer celui qui pose la question. Mais cela n'a rien à avoir avec la réalité. M. Porter a dit hier qu'il n'a pas eu beaucoup d'enquêtes sur lui et qu'il n'y avait pas de questions difficiles. Normalement, il y a toute une enquête avant de donner l'approbation nécessaire », a dit M. Rae.

Selon le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, les conservateurs de Stephen Harper refusent d'admettre « que le premier ministre a fait une erreur monumentale » en nommant Arthur Porter à un poste aussi important.

«Les conservateurs ont profité de son argent. Ils ont fait des photos avec lui, même après qu'il s'est fait prendre dans une fraude de plusieurs dizaines de millions de dollars. Ils refusent de dire l'évidence: qu'ils se sont royalement plantés en le nommant pour surveiller les activités du SCRS », a dit M. Boulerice.

C'est Michael Ignatieff, et non Bob Rae, qui était chef du Parti libéral au moment de la nomination de M. Porter à titre de président du CSARS. Jack Layton était pour sa part chef du NPD.

Aussi consulté, l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'était opposé farouchement à cette nomination.

« J'avais manifesté mon opposition en raison d'un manque de clarté au sujet de son "départ" inexpliqué du Detroit Medical Center au début des années 2000. Dans les faits, il avait été "démissionné"! Et il était impossible de savoir clairement les raisons de son départ. Il était donc, selon moi, imprudent de nommer cette personne sur le comité de surveillance du SCRS, car toute personne siégeant à un comité de cette importance doit avoir un passé qui ne laisse planer aucun doute », a précisé M. Duceppe dans un billet publié le 30 novembre 2012 sur son blogue du Journal de Montréal.