La visite prévue cette semaine par le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird au Venezuela a été reportée, après que Caracas eut estimé que la situation actuelle était trop délicate pour accueillir certains visiteurs étrangers, mais pas tous.

Le pays d'Amérique Latine a annulé la visite de M. Baird après que le président Hugo Chavez a, contre toute attente, obtenu son congé d'un hôpital cubain, lundi, et est rentré chez lui.

M. Baird devait rencontrer des représentants du gouvernement et de l'opposition au Venezuela, dans le cadre d'une tournée de six pays du continent sud-américain.

Selon certaines sources, le gouvernement vénézuélien a estimé que l'atmosphère entourant le retour du président était politiquement trop lourde pour accueillir le ministre canadien.

Cela n'a cependant pas empêché un proche allié de gauche de M. Chavez de se rendre à Caracas mardi.

Le président bolivien Evo Morales est en effet arrivé dans la capitale pour rencontrer son homologue.

Hugo Chavez a passé les 10 semaines précédentes à Cuba pour y recevoir un traitement contre le cancer.

L'incertitude a prévalu à propos de la capacité de M. Chavez d'être officiellement assermenté après avoir remporté l'élection présidentielle à l'automne dernier, avant le retour de la maladie.

De fait, l'inauguration prévue pour le 10 janvier a dû être reportée indéfiniment, provoquant des plaintes de la part de l'opposition.

La Cour suprême du pays a maintenu cette décision, et a fait savoir que M. Chavez pourrait participer à son inauguration à une date ultérieure.

Il n'est pas sûr si M. Chavez est assez bien portant pour réciter son serment. Le président n'est pas apparu en public mardi.

Des responsables ont confirmé qu'il utilisait un tube pour respirer, mais il n'est pas certain s'il peut respirer sans appareil.

Le voyage de M. Baird a été annulé par téléphone, lundi soir.

Le week-end dernier, en entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre Baird disait qu'il voulait discuter des possibilités d'expansion pour les entreprises canadiennes au Venezuela, au cours de son passage.

Il avait aussi déclaré qu'il voyait d'un mauvais oeil les relations entre ce pays et l'Iran. L'an dernier, le Canada a mis fin à ses relations diplomatiques avec l'Iran auquel il reproche de chercher à développer une arme nucléaire.

«Leur programme nucléaire m'inquiète, ainsi que leur appui envers le terrorisme, a-t-il déclaré. Je m'inquiète également de la détérioration de la situation des droits de la personne en Iran. Je ne pense donc pas pouvoir trouver un terrain d'entente avec le Venezuela dans ce dossier.»

En disant vouloir rencontrer des membres de l'opposition, le ministre se serait d'ailleurs retrouvé en plein coeur de l'incertitude entourant la capacité du président de continuer à exercer ses fonctions.

S'il affirmait avoir un ordre du jour de nature économique, le ministre Baird indique également qu'il désirait «bien entendu faire la promotion de la démocratie, et promouvoir les libertés politiques».

Jusqu'à maintenant, le ministre Baird a fait des arrêts au Mexique, à Cuba et au Pérou. Il doit encore visiter le Panama et la République dominicaine. «Nous espérons pouvoir trouver un autre moment convenant aux deux parties pour nous entretenir avec le Venezuela sur des dossiers touchant à la prospérité économique et aux droits de la personne», a annoncé M. Baird par voie de communiqué, mardi.