Huit des neuf candidats de la course à la direction du Parti libéral du Canada écartent formellement la possibilité d'une collaboration avec le NPD pour tenter de battre Stephen Harper lors des prochaines élections.

Au cours d'un premier débat aux affrontements limités, dimanche à Vancouver, une seule candidate dans cette course a prôné en faveur d'une telle coopération. Joyce Murray, qui est aussi la seule à provenir de l'Ouest canadien, propose que sa formation et le Nouveau Parti démocratique s'entendent sur les candidats à présenter dans des circonscriptions-clés lors de la prochaine campagne afin de rallier le vote progressiste.

Mais cette proposition a été rejetée par ses adversaires, dont Martha Hall Findlay. «Où est passée votre confiance?» a-t-elle lancé à l'endroit des libéraux qui croient qu'une victoire électorale passe par une alliance avec l'ennemi.

Justin Trudeau a tenu un discours semblable. Il a ajouté qu'il souhaitait instaurer un mode de scrutin préférentiel une fois au pouvoir. Cette proposition a donné lieu à l'une des rares attaques directes de la rencontre: «Vous voulez remplacer Stephen Harper. Où est votre plan? l'a interpelé Joyce Murray. J'ai un plan: une collaboration d'une seule fois dans les circonscriptions où il a gagné moins de 50% du vote».

Les autres thèmes abordés devant les quelque 1000 militants réunis dans un hôtel du centre-ville de Vancouver incluaient le logement social, les autochtones, l'environnement et l'énergie. Les trois candidats appelés à se prononcer sur la question des changements climatiques se sont dits en faveur de l'établissement d'un prix sur le carbone. La manière d'y arriver reste toutefois imprécise. La difficulté éprouvée par l'ancien chef Stéphane Dion pour vendre sa taxe sur le carbone lors des élections de 2008 est encore fraîche dans la mémoire des libéraux.

«J'ai dit très clairement, comme les conservateurs, comme le NPD, que nous devons établir un prix pour le carbone. Polluer ne peut être gratuit. Maintenant, il y a plusieurs mécanismes pour le faire (...) Je ne m'engage pas par rapport à aucun de ces mécanismes pour l'instant», a déclaré le candidat de tête, Justin Trudeau.

Mais plus que tout autre candidat de la course, c'est Stephen Harper qui a été la cible du gros des attaques. «L'un des problèmes avec le bilan de Harper est qu'il est un faux économiste», a par exemple lancé le candidat et avocat torontois George Takach.

Certaines flèches plus subtiles ont aussi été décochées à l'endroit de Justin Trudeau ou de Marc Garneau, qui a adopté un ton particulièrement énergique pour l'occasion. «M. Garneau était dans l'espace et moi j'étais dans le sentier», a à un moment donné indiqué David Bertschi, évoquant son passé plus terre-à-terre.

À défaut d'être le théâtre de réels affrontements, l'évènement aura été l'occasion pour plusieurs candidats moins connus de se présenter aux membres et sympathisants qui seront appelés à voter pour le prochain chef, qui sera élu le 14 avril. «Mon nom est Karen McCrimmon. J'ai la tâche de passer d'une inconnue à une candidate à la direction en moins de 90 secondes, donc commençons tout de suite!» a lancé cette dernière lors de son allocution d'ouverture, soulevant des rires dans l'assistance.

Au terme de l'exercice, les participants se sont dits heureux de l'expérience. En point de presse, seul Martin Cauchon a reconnu les difficultés posées par la tenue d'un débat de deux heures avec autant de participants. «Il y a eu quand même une certaine forme d'échange d'idées, a-t-il dit. Je vous concède qu'à neuf candidats, le format était plutôt lourd. C'était difficile d'entrer dans le détail des politiques qu'on a discutées. Mais quand même, je pense qu'un auditeur ce soir est en meilleure position pour commencer à juger.»