Les candidats à la direction du Parti libéral du Canada prévoient la tenue d'un premier débat respectueux et axé sur les idées, dimanche à Vancouver, plutôt qu'une série d'attaques contre le candidat de tête Justin Trudeau.

D'abord, le nombre de participants et les règles de l'évènement favorisent moins les affrontements: seulement une trentaine de minutes sur un total de deux heures sera réservée aux débats directs. Le reste du temps sera alloué pour permettre aux neuf candidats de répondre pendant une minute à une douzaine de questions posées par des gens de l'assistance et présélectionnées par le parti.

Les libéraux semblent aussi avoir appris des erreurs du passé, dont les leurs: lors de la course à la direction du PLC de 2006, par exemple, le Parti conservateur avait puisé dans ces débats pour alimenter ses publicités négatives destinées à détruire l'image de l'ancien chef Stéphane Dion.

Ainsi, tandis qu'ils en étaient à leurs derniers préparatifs, samedi, chacun des quatre candidats contactés par La Presse a rejeté sans hésiter la possibilité d'un débat agressif ou acrimonieux.

«Je crois que vous allez voir de la politique très différente, a dit David Bertschi, un avocat d'Ottawa. Ça va être, je crois, la plupart du temps très poli. On peut avoir des idées très différentes, être très enthousiasmés par nos politiques, mais il faut toujours être respectueux.»

«Je m'attends à pouvoir expliquer ma vision pour le pays et pour le Parti libéral: d'avoir une société durable de toutes les perspectives - sociales, économiques, environnementales, mais aussi démocratiques, parce qu'on voit les dommages que M. Harper a faits», a quant à elle indiqué son adversaire Joyce Murray, la seule candidate de cette course à provenir de l'Ouest canadien. Tous les autres sont basés au Québec ou en Ontario.

Sondage encourageant pour Garneau

À trois mois du scrutin, pourtant, un sondage Angus Reid publié par La Presse samedi suggère encore une fois que les libéraux fédéraux obtiendraient les meilleurs résultats électoraux avec M. Trudeau comme chef. Le deuxième en lice serait Marc Garneau. Les sept autres arrivent loin derrière.

«C'est très encourageant, a réagi M. Garneau. Mais c'est quelque chose que j'avais ressenti. Tous les jours, je fais du progrès. Et si vous regardez le même sondage il y a quelques semaines, j'ai amélioré mon score.»

Martin Cauchon, qui n'est entré dans la course que cette semaine et qui s'est classé en troisième position de ce coup de sonde, loin derrière MM. Garneau et Trudeau, a diminué l'importance des résultats. «La course commence. Pour moi, tous les résultats qu'on peut voir, ce sont des résultats qui sont fragmentaires en regard de ce qu'on verra dans les prochains mois. Les gens vont avoir le temps de se définir», a-t-il dit.

Or, comme ses collègues, M. Cauchon a écarté la possibilité d'attaques en règle contre M. Trudeau. «Il n'y aura pas d'attaques mesquines contre un candidat ou un autre. On est là pour débattre», a-t-il déclaré.

«On est dans un processus de reconstruction, a rappelé l'ancien ministre. Il faut utiliser la course à la direction pour être capable de débattre des idées correctement. Une fois que tout cela sera terminé, il va falloir se rassembler, il va falloir à nouveau être une grande famille libérale. Oui, ce sera ferme sans aucun doute à quelques reprises, mais je pense que ça va être correct et respectueux.»

L'équipe de Justin Trudeau a été la seule à décliner notre demande d'entrevue hier: son attachée de presse a indiqué qu'il ne parlerait pas aux médias avant le débat.