Le rôle du Canada comme médiateur international et fournisseur de Casques bleus est révolu, dit le ministre des Affaires étrangères, John Baird, qui y voit un retour à l'approche historique du pays en matière de diplomatie.

La neige tombe à gros flocons sur Ottawa. De la fenêtre de son bureau, le chef de la diplomatie canadienne voit la tempête former un rideau blanc devant la rivière des Outaouais.

Nous sommes dans l'édifice Lester B. Pearson, nommé à la mémoire de l'ancien premier ministre considéré comme le père de la diplomatie canadienne de l'après-guerre.

Un Canada dont le rôle international a résolument changé sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Calé dans un fauteuil, M. Baird n'y voit pas une rupture avec la tradition, mais bien la fin d'une parenthèse.

«Nous sommes retournés, selon moi, au rôle historique du Canada, dit-il. Au début de la Deuxième Guerre mondiale, nous n'avons pas dit que nous serions un médiateur honnête entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Nous avions des intérêts, nous avions des valeurs, et nous avons choisi un côté dans la bataille.»

Choisir ses alliés, promouvoir le respect des droits de l'homme et la démocratie, M. Baird estime que notre diplomatie doit désormais s'articuler autour de principes qui sont chers aux Canadiens. Quitte à froisser certains pays.

L'approche conservatrice en matière de relations internationales s'est de nouveau manifestée cette année, notamment par l'appui presque inconditionnel d'Ottawa à Israël. Le ministre s'est déplacé en personne à New York pour s'opposer à la demande palestinienne d'obtenir le statut d'État observateur non membre à l'ONU.

Il a ensuite condamné du bout des lèvres le projet israélien de reprendre la colonisation en Cisjordanie, précisant qu'il s'agit d'une conséquence logique d'un geste «unilatéral» de l'autorité palestinienne.

«On appuie Israël, c'est une question de valeurs, dit-il. C'est la seule démocratie libérale dans la région. Nous avons pris une position de principe.»

Le péril iranien

Dans la même veine, le ministre ne mâche pas ses mots pour condamner l'Iran, dont les ambitions nucléaires sont perçues comme une menace fondamentale à l'État hébreu. Il s'inquiète aussi du respect des droits de l'homme dans ce pays. Et il critique l'appui du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad à des groupes extrémistes comme le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine, une source d'instabilité pour toute la région.

«La situation en Syrie reste bien sûr une grande source d'inquiétude au jour le jour, dit-il. Mais pour le monde, le gouvernement de Téhéran est sans doute le plus grand obstacle à la paix et à la sécurité.»

Il y a quelques semaines, le ministre Baird n'a pas fermé la porte à une action militaire internationale du Canada en Syrie si le régime de Bachar al-Assad devait recourir à des armes chimiques pour mater la rébellion. Et bien qu'il craigne aussi une flambée de violences sectaires advenant la chute du gouvernement syrien, il précise qu'une action militaire n'est pas une issue à la crise pour le moment.