De nombreuses femmes ont réclamé la démission de la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, qui est également responsable de la Condition féminine, après qu'elle eut voté pour une motion qui proposait de revoir le statut juridique du foetus à la Chambre des communes, en septembre.

Le bureau de Mme Ambrose a été inondé de courriels de femmes courroucées de voir la ministre responsable de défendre la cause des femmes dans le gouvernement Harper appuyer cette motion controversée parrainée par le député conservateur ontarien Stephen Woodworth.

«Mon utérus, mon choix», a affirmé d'emblée une femme qui se dit militante pour le droit des femmes de choisir. «L'avortement est un droit qui appartient aux femmes. Défendez la majorité des femmes et ce qu'elles réclament, quelle que soit votre opinion», a-t-elle ajouté dans son courriel.

La Presse a obtenu 125 pages de courriels destinés à la ministre Ambrose. Du nombre, une centaine de courriels condamnent sa décision de voter pour la motion 312 du député Stephen Woordworth. Le nom des personnes qui ont envoyé ces courriels a été rayé des documents.

La motion, qui proposait de créer un comité parlementaire pour étudier la possibilité de donner le statut d'être humain au foetus dans le Code criminel du Canada, a finalement été rejetée le 27 septembre, par 203 votes contre 91. Le premier ministre Stephen Harper a voté contre la motion, tout comme l'ensemble des députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) et 31 députés libéraux. Mais 87 députés conservateurs et 4 députés libéraux l'ont appuyée. Dans les rangs conservateurs, une dizaine de ministres, dont Rona Ambrose, le ministre de l'Immigration Jason Kenney et le leader du gouvernement en Chambre Peter Van Loan ont voté pour la motion.

Après le vote, la ministre Rona Ambrose a refusé de répondre aux questions des journalistes afin d'expliquer pourquoi elle avait décidé d'appuyer la motion. Elle s'est contentée de faire une brève déclaration sur son compte Twitter. «J'ai soulevé des préoccupations de manière répétée quant à la discrimination des filles par la sélection prénatale par avortement. Pas besoin de loi, mais nous devons être conscientisés!»

Dans les heures qui ont suivi le vote, le NPD et plusieurs groupes de défense des droits des femmes ont réclamé la tête de la ministre de la Condition féminine. Plusieurs ont aussi pris le temps de lui envoyer des courriels pour exprimer leur colère.

«J'ai été profondément choquée de voir que la ministre de la Condition féminine donne son accord à cette motion concernant l'avortement! Elle devrait démissionner illico presto! Une ministre de la Condition féminine devrait travailler au bien-être des femmes et non donner son accord à une mesure rétrograde. Shame on you,

Mrs Ambrose! (Honte à vous, Mme Ambrose!)», a lancé une femme indignée.

«Je suis affreusement cons-ternée de savoir que notre ministre de la Condition féminine a voté en faveur d'une motion si compromettante pour l'avenir des femmes de notre pays. J'en ai froid dans le dos», peut-on lire dans un autre courriel.

La ministre a également reçu une vingtaine de courriels la félicitant pour son «courage». «Je suis outrée des propos entendus contre vous et je ne désire pas du tout que vous quittiez votre poste», peut-on lire dans un de ces courriels d'appui.

- Avec la collaboration de William Leclerc