C'est le peuple chinois et non ses leaders qui poussera la Chine vers une réforme démocratique, a déclaré samedi le premier ministre Stephen Harper depuis les Philippines.

M. Harper commentait le changement de garde qui doit survenir la semaine prochaine à la direction du Parti communiste chinois.

Le président Hu Jintao et le premier ministre Wen Jiabao doivent céder leur place à des leaders plus jeunes et le reste du monde se questionne sur l'impact de ce changement.

Selon Stephen Harper, l'événement ne changera probablement pas grand-chose et la direction du parti ira davantage vers la continuité que vers les réformes. Le Canada examinera de près la situation, a-t-il assuré lors d'une conférence de presse aux côtés du président philippin, Benigno Aquino.

La relation du Canada avec la Chine implique la promotion de valeurs comme la liberté, la démocratie, les droits humains et de l'État de droit, a indiqué M. Harper, rajoutant qu'à mesure que croît la prospérité, le peuple s'attend à davantage dans ce domaine.

Les Philippines ont connu de grands changements avec l'arrivée au pouvoir de M. Aquino, qui a lutté farouchement contre la corruption de façon à rendre son pays plus attrayant aux yeux des investisseurs étrangers.

Il a également mis en place des mesures pour protéger l'environnement et les ressources naturelles en décrétant un moratoire sur les nouveaux contrats miniers tout en réformant le système.

Le président philippin a aussi apaisé les inquiétudes concernant la sécurité intérieure en concluant un pacte avec une minorité musulmane qui souhaite obtenir son autonomie.

Stephen Harper est le premier leader du G8 à effectuer à visiter officiellement Benigno Aquino depuis son élection en 2010. C'est aussi la première fois qu'un premier ministre canadien se rend aux Philippines depuis 1997.

Les deux pays veulent augmenter leurs échanges commerciaux, qui s'élèvent actuellement à un modeste 1,5 milliard $ par année.

Les Philippines sont maintenant la plus importante source d'immigrants pour le Canada et le tagalog y est la langue étrangère qui y croît le plus rapidement.

M. Harper a annoncé l'établissement d'un protocole d'entente entre les Philippines et le Canada qui permettra d'offrir de nouvelles possibilités aux entreprises canadiennes du secteur de la défense et de la sécurité.

Il a aussi alloué une aide canadienne de 15,5 millions $ sur 4 ans aux Philippines pour un projet qui favorisera la croissance économique et l'emploi chez les jeunes.

Certains membres de la communauté philippine au Canada espéraient que Stephen Harper aborderait les conditions de travail des Philippins qui viennent travailler au Canada avec des permis temporaires, souvent en tant que domestiques.

Benigno Aquino a indiqué que le sujet avait été discuté lors de réunions samedi.

«Les Philippins à l'étranger sont la source la plus importante de travailleurs migrants au Canada. Il est donc normal que nos pays collaborent pour garantir la protection et le bien-être de ces travailleurs et s'assurer que les exigences du Canada sur le plan du travail sont respectées», a-t-il dit.

Samedi, M. Harper a visité le centre-ville historique de Manille, dont le monument au héros nationaliste Jose Rizal et la forteresse espagnole.

Après avoir fait l'objet de nombreuses critiques pour avoir apporté des véhicules blindés canadiens pour son séjour en Inde, M. Harper s'est déplacé aux Philippines dans des voitures fournies par le gouvernement local.

Samedi après-midi, il a fait un tour de «jeepney», les jeeps modifiées et colorées dont se servent les Philippins pour se déplacer.