Le gouvernement conservateur à Ottawa n'a pas digéré le discours d'ouverture de Pauline Marois, qu'il a jugé «vindicatif», «réducteur» et axé sur la division. Le lieutenant de Stephen Harper pour le Québec, Christian Paradis, a dit en entrevue se désoler «royalement» de l'approche de la nouvelle première ministre québécoise quant aux relations fédérales-provinciales.

L'époque pourtant si proche où Pauline Marois avait jugé sa première rencontre avec son homologue fédéral «presque chaleureuse», au Sommet de la Francophonie à la mi-octobre, semble déjà révolue.

Dans son discours donnant le coup d'envoi à la session parlementaire à Québec, mercredi, Mme Marois a notamment rappelé qu'elle souhaitait rapatrier les budgets fédéraux en culture, remettre sur pied un registre des armes à feu et se battre pour les transferts en santé.

Elle a également critiqué l'aide accordée par Ottawa au secteur automobile ontarien, alors que l'industrie forestière québécoise est à ses yeux laissés pour compte.

Selon le ministre Paradis, Mme Marois adopte avec ce discours une approche qui n'est «pas très intéressante» pour le dialogue fédéral-provincial.

«Je m'excuse, mais je pense que le ton était (...) vindicatif. C'est malheureux, j'espère qu'il y aura un réalignement de ton à ce niveau-là», a-t-il noté en entrevue avec La Presse Canadienne.

En tant que Québécois, le ministre conservateur a souligné ne pas s'être reconnu dans les déclarations de Mme Marois.

Pas de rapatriement

Christian Paradis a signé une fin de non-recevoir à la demande de Mme Marois à l'égard du rapatriement des fonds dédiés à la culture.

«Rapatrier des pouvoirs qu'on a à Ottawa, on l'a dit, on n'est pas d'accord avec ça. Il y a des pouvoirs ici à Ottawa qui doivent être exercés à Ottawa en termes de culture. Je pense que c'est une juridiction qui est partagée», a-t-il tranché.

Il n'a pas paru impressionné non plus par les propos de la chef péquiste au sujet de l'industrie automobile ontarienne.

«Lorsqu'on compare l'aide au secteur forestier versus l'aide automobile, c'est très réducteur», a-t-il noté, ajoutant qu'Ottawa avait accordé de l'aide à cette industrie québécoise qui a connu sa part de difficultés.

Un point positif? Le ministre s'est dit encouragé par la volonté de la première ministre d'exploiter le potentiel pétrolier du Québec.

Et il a toujours espoir de pouvoir collaborer avec le gouvernement Marois, notamment sur les dossiers économiques.

«Moi, je veux rester ouvert. On est de bonne foi ici, on a dit qu'on est prêts à avoir un dialogue constructif (...). Mais ça me désole de voir des approches comme ça où on cherche évidemment à diviser. Mais elle ne s'en cache pas, elle veut faire une gouvernance souverainiste», a-t-il résumé.

Depuis l'élection d'un gouvernement péquiste minoritaire le 4 septembre, Ottawa et Québec avaient semblé mettre de l'eau dans leur vin à l'égard des dossiers difficiles.

Au lendemain de se première rencontre avec Mme Marois en marge du Sommet de la Francophonie en République démocratique du Congo (RDC), M. Harper avait qualifié le tête-à-tête de «cordial».

Il avait signalé qu'il était prêt à travailler avec son homologue provinciale quand les deux paliers de gouvernement seront sur la même longueur d'onde. «Si les gouvernements ont des positions différentes, nous avons l'intention de respecter les champs de compétence», avait-il rappelé.