L'effet Trudeau se fait maintenant sentir au Québec. Le Parti libéral du Canada (PLC) prendrait la tête dans les intentions de vote dans la Belle Province s'il était dirigé par Justin Trudeau.

Un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse démontre que les électeurs québécois, à l'instar de bon nombre d'électeurs canadiens, sont loin d'être indifférents à l'entrée en scène de Justin Trudeau dans la course à la direction du PLC.

Avec le jeune député de Papineau comme chef, les libéraux obtiendraient 36% des intentions de vote au Québec, contre 30% au Nouveau Parti démocratique (NPD), 19% au Bloc québécois et un maigre 11% au Parti conservateur.

Sans Justin Trudeau, le Parti libéral continuerait à croupir au troisième rang dans les appuis, avec seulement 20%, loin derrière le NPD, qui récolterait 38%, et presque ex aequo avec le Bloc québécois (21%). Le Parti conservateur obtiendrait pour sa part 16% des appuis.

Une «Trudeaumanie» ?

La semaine dernière, un sondage Nanos a montré que le Parti libéral (30,1%) dépasse maintenant le NPD (27,9%) au deuxième rang dans les intentions de vote à l'échelle nationale et se retrouve seulement à trois points du Parti conservateur (33,3%).

Selon le vice-président de la firme CROP, Youri Rivest, il est encore trop tôt pour évoquer une deuxième «Trudeaumanie», mais il est évident que Justin Trudeau donne des ailes aux libéraux. Sous sa direction, le PLC réussirait à grappiller des votes au NPD et au Parti conservateur au Québec.

«On peut presque parler d'une résurrection dans le cas du Parti libéral, qui s'était marginalisé au cours des derniers mois. Mais théoriquement, avec Justin Trudeau comme chef, il reprendrait la tête dans les intentions de vote», a affirmé M. Rivest.

«Tout cela demeure quand même hypothétique. S'il y avait des élections, si Justin Trudeau est chef, plus on additionne les «si», plus il faut prendre cela avec un grain de sel. Mais cela dit, il y a vraiment un effet Trudeau. C'est visible et palpable sur les intentions de vote. Ce n'est pas un petit mouvement et cela change la donne pour le Parti libéral», a-t-il ajouté.

M. Trudeau est même vu par 25% des répondants comme la meilleure personne pour occuper le poste de premier ministre. À titre de comparaison, Stephen Harper, premier ministre depuis 2006, n'est le choix que de 12% des Québécois. Thomas Mulcair arrive en tête avec 29%.

Pour maintenir cet élan, M. Trudeau devra démontrer qu'il a l'étoffe d'un premier ministre en mettant sur la table des propositions concrètes sur une panoplie de sujets, selon M. Rivest.

«Les gens ont remarqué que Justin Trudeau a un certain charisme et qu'il est un bon communicateur. Il est maintenant à la première étape et cela se reflète dans les intentions de vote. En ce moment, beaucoup de monde projette ses aspirations et ses rêves dans lui. Mais il faut maintenant qu'il montre quel genre d'homme il est. A-t-il de la pugnacité, de la ténacité? Est-il un homme honnête et fiable? Ensuite, il doit être démontré qu'il est compétent pour être premier ministre», a conclu M. Rivest.

Un premier test avec les élections partielles

Les élections partielles qui auront lieu dans trois circonscriptions le 26 novembre permettront pour la première fois de mesurer concrètement l'ampleur de l'effet Justin Trudeau.

Le premier ministre Stephen Harper a annoncé dimanche la tenue d'élections partielles dans les circonscriptions de Victoria, en Colombie-Britannique, de Calgary-Centre, en Alberta, et de Durham, en Ontario.

Ces élections sont nécessaires à la suite des démissions de la ministre conservatrice Bev Oda, dans Durham, du député conservateur Lee Richardson, dans Calgary-Centre, et de la députée néo-démocrate Denise Savoie, dans Victoria.

Il s'agira aussi d'un test important pour le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, et, dans une moindre mesure, pour la chef du Parti vert, Elizabeth May. Le NPD tentera de conserver la circonscription de Victoria, tandis que Mme May, qui représente une circonscription de la même région, souhaite une autre percée en Colombie-Britannique.

Dans le cas des conservateurs, la circonscription de Calgary-Centre demeure un bastion. Mais dans Durham, en Ontario, Bev Oda a démissionné à la suite d'une controverse entourant ses dépenses excessives lorsqu'elle était ministre. Cette controverse pourrait inciter certains électeurs à changer de camp.