La course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) dope les appuis aux libéraux dans les intentions de vote au pays, particulièrement depuis l'entrée en scène du jeune député Justin Trudeau.

L'«effet Justin Trudeau» est tel que le Parti libéral supplante maintenant le Nouveau Parti démocratique (NPD) au deuxième rang dans les appuis à l'échelle nationale. Il se retrouve même à trois points de pourcentage seulement du meneur, le Parti conservateur, constate la firme Nanos Research dans son plus récent sondage, réalisé pour le compte de La Presse, CBC et The Globe and Mail.

Ainsi, les conservateurs de Stephen Harper récoltent 33,3% des appuis, contre 30,1% aux libéraux, menés de façon intérimaire par Bob Rae, et 27,9% aux néo-démocrates de Thomas Mulcair, selon ce sondage téléphonique réalisé du 4 au 11 octobre auprès de 1000 Canadiens.

Il s'agit du premier sondage national réalisé depuis que Justin Trudeau a annoncé, il y a deux semaines, qu'il briguera la direction du PLC.

Les libéraux voient leurs appuis bondir de 5,5% comparativement au dernier sondage, réalisé en septembre. Le Parti conservateur recueille quant à lui près d'un point de pourcentage de plus que le mois dernier (33,3% contre 32,4%), tandis que les appuis du NPD passent de 30,4% à 27,9% durant la même période. Le Parti vert d'Elizabeth May doit se contenter d'un maigre 2,9% - une baisse de 2,1 points.

Dans les intentions de vote, le Parti libéral devance le NPD, qui forme l'opposition officielle à la Chambre des communes, pour la première fois depuis avril. Les libéraux font surtout des gains en Ontario et en Colombie-Britannique, deux provinces qui influencent grandement l'issue d'un scrutin fédéral, étant donné le nombre de sièges qu'elles détiennent aux Communes.

(L'Ontario aura 121 sièges aux prochaines élections, 15 de plus qu'en ce moment, tandis que la Colombie-Britannique en aura 42, soit 6 de plus qu'au dernier scrutin. À elles seules, ces deux provinces compteront donc près de la moitié des 338 sièges. Le Québec détiendra en tout 78 sièges, soit trois de plus qu'actuellement.)

Le NPD domine au Québec

Au Québec, le NPD se maintient toutefois en tête dans les intentions de vote, comme c'est le cas depuis que Thomas Mulcair a été élu chef du parti en mars. Ainsi, le NPD récolte 35,7% des appuis, contre 25% au Parti libéral, 17,8% au Bloc québécois et 16,9% au Parti conservateur. La marge d'erreur est toutefois plus élevée dans le cas des résultats du Québec (plus ou moins 6,8%) en raison de la taille de l'échantillon (216 personnes). À l'échelle du pays, la marge d'erreur est de plus ou moins 3,1%, 19 fois sur 20.

Selon Nik Nanos, président de la firme Nanos Research, il ne fait pas de doute que la course à la direction du PLC donne des ailes aux libéraux dans les intentions de vote.

«Plusieurs partis politiques voient leurs appuis bondir durant une course au leadership, parce que les électeurs peuvent s'identifier au parti et à un candidat potentiel en particulier. Mais un bon mois pour les libéraux n'indique pas nécessairement une tendance favorable. Il est encore trop tôt pour comprendre toutes les ramifications de cette course au leadership», a dit M. Nanos.

Le test des partielles

M. Nanos est toutefois étonné que la course à la direction n'ait pas fait bouger l'aiguille des appuis aux libéraux au Québec. D'autant plus que le candidat favori pour remporter la course, Justin Trudeau, représente la circonscription montréalaise de Papineau et qu'un autre candidat potentiel, Marc Garneau, est député de Westmount-Ville-Marie. Le prochain chef du Parti libéral sera choisi à Ottawa le 14 avril 2013.

Le premier ministre Stephen Harper doit déclencher des élections partielles dans trois circonscriptions à la suite des départs du député conservateur Lee Richardson (Calgary-Centre), de l'ancienne ministre Bev Oda (Durham, en Ontario) et de la néo-démocrate Denise Savoie (Victoria, en Colombie-Britannique). Ces trois élections partielles, si elles ont lieu avant le 14 avril, pourraient permettre de mesurer concrètement l'effet Trudeau dans les intentions de vote.