Le système archaïque d'accès à l'information du Canada plongera prochainement dans l'univers numérique.

Le gouvernement Harper lancera au début de 2013 un projet pilote qui permettra aux citoyens de faire des demandes d'accès à l'information par internet.

Cette mesure ne touchera d'abord que trois ministères, mais elle englobera la majorité des agences et institutions fédérales d'ici à trois ou quatre ans.

La Loi canadienne sur l'accès à l'information est née en 1982, avant l'ère de l'internet, et le système actuel reflète une époque disparue de chèques et de formulaires en papier, d'enveloppes et de timbres.

Pendant des années, des détracteurs ont pressé le gouvernement Harper de transformer le vieux système pour le faire passer au numérique, histoire de diminuer les dépenses et de réduire les retards grandissants, prenant le Mexique et les États-Unis pour exemple.

Le Mexique a déjà un portail d'information pangouvernemental, et le gouvernement américain a lancé la semaine dernière son propre projet pilote, FOIAonline.

Au début de 2013, l'initiative canadienne touchera le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, Services partagés Canada et le secrétariat du Conseil du Trésor, l'agence responsable de l'établissement des normes et politiques d'accès à l'information au gouvernement.

Ce nouveau portail offrira un système de paiement en ligne déjà accessible aux clients du secteur privé qui font l'acquisition de biens et services fédéraux à l'aide d'une carte de crédit ou du service de paiement Interac.

Le projet pilote doit se poursuivre jusqu'à l'été prochain.

«En raison de son expertise et de son expérience avec les paiements en ligne, Citoyenneté et Immigration Canada a été sélectionné pour héberger les logiciels qui permettront aux demandeurs de soumettre un requête d'accès à l'information en ligne et payer pour ce service en utilisant un lien sécurisé et une carte de crédit», a expliqué la porte-parole du Conseil du Trésor Theresa Knowles.

À partir de 2014, le Conseil du Trésor envisage de créer une banque de données publiques contenant des résumés des demandes d'accès à l'information de chaque ministère et agence.

Cela viendra remplacer un registre similaire éliminé en 2008 par les conservateurs. Une liste des demandes d'accès à l'information est déjà publiée mensuellement par les ministères et agences fédéraux, mais pas de façon centralisée.

La commissaire à l'information, Suzanne Legault, qui agit à titre d'ombudsman, a demandé à répétition au gouvernement Harper de réimplanter une banque de données où les utilisateurs peuvent faire des recherches.

Mme Legault a par ailleurs signé avec ses homologues des provinces, en janvier dernier, une lettre qui demande à Tony Clement de créer un portail central semblable à celui du Mexique.

«Les institutions fédérales emploient actuellement diverses méthodes, allant de systèmes manuels à des systèmes isolés, pour traiter des demandes d'accès à l'information», dit la lettre.

Aux États-Unis, le portail FOIAonline, qui regroupe six agences fédérales, devrait coûter environ 1,3 million de dollars. Ses coûts d'exploitation annuels iront jusqu'à 750 000 $.

À long terme, toutefois, les économies devraient avoisiner les 200 millions de dollars en cinq ans, une fois que tous les départements et agences participeront au programme.